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LE COMPORTEMENT ELECTORAL DES INSTITUTEURS, par PAUL BACOT Les instituteurs votent massivement à gauche. La tradition républicaine et anticléricale, la formation dans les écoles normales, la puissance syndicale, etc., y contribuent fortement. Pourquoi certains, cependant, échappent-ils à la pesanteur du milieu et quels éléments viennent en contrecarrer l'influence ? La jeunesse (il faut un certain temps pour que le nouvel instituteur soit « formé »), l'origine familiale aisée (il y a alors concurrence entre deux influences), la profession du conjoint (lorsqu'elle conduit l'institutrice à ne chercher dans son métier qu'un « salaire d'appoint »), la religion catholique (liée sans doute aux deux précédents facteurs), la féminisation, limitent le caractère gauchisant du milieu. On ne manquera pas de souligner néanmoins une grande résistance à ces divers éléments « perturbateurs ». [Revue française de science politique XXVII (6), décembre 1977, pp. 884-914.]
paul Bacot, Dominique Desmarchelier, sylvianne rémi-Giraud le langage des chiffres en politique Il n'est bien sûr nul besoin de rappeler que dans statistique, il y a État. On sait le faible apport de l'étymologie à l'étiologie. Il faut donc se demander pourquoi les nombres sont omniprésents dans le discours politique-et donc bien audelà du discours étatique. Sur ce point, la littérature est abondante, marquée notamment par l'oeuvre d'Alain Desrosières (1993, 2008). Il y a un siècle déjà, Max Weber voyait dans une rationalisation croissante de l'action publique une caractéristique majeure des États modernes. La bureaucratie qui incarne ce mouvement historique tire sa légitimité de sa compétence-un savoir et un savoir-faire, une science et une technique, qui se nourrissent de chiffres. Ceux-ci vont devenir un marqueur déterminant du langage qu'elle utilise. Le tournant dit « néolibéral » de ces dernières décennies, tout entier fondé sur l'hégémonie supposée de la rationalité individuelle, va placer l'évaluation des performances au coeur de l'action publique. Plus largement, l'impression domine de nos jours que les chiffres ont colonisé le politique sous toutes ses formes. Si l'on « gouverne par les instruments » (Lascoumes, Le Galès, 2004), et notamment par l'instrument statistique, ce sont tous les acteurs politiques qui manient les données quantifiées dans tous les compartiments de leur jeu. Comme un clin d'oeil à cette tendance lourde de l'évolution du discours politique, ce numéro spécial, le centième de la revue, est consacré aux chiffres et aux nombres en politique. Cette thématique a suscité une forte adhésion de la part de chercheurs venant d'horizons disciplinaires différents. L'éclairage vient à la fois des sciences du langage, de la communication et du politique, et porte sur des objets, des époques et des lieux particulièrement variés. Les supports discursifs, de forme écrite ou orale, sont nombreux : discours officiels (discours sur l'état de l'Union, discours des Pères fondateurs de la République), institutionnels (comptes rendus des débats du Parlement), discours
LE FRONT DE CLASSE, par PAUL BACOT Contrairement aux premières apparences, l'expression « front de classe » renvoie à une analyse assez précise et relativement homogène, qu'on peut déceler à travers l'étude des textes fondamentaux du Parti socialiste (motions de congrès, discours de F. Mitterrand, etc.). Le front de classe est constitué par la classe ouvrière et la plupart des couches salariées, auxquelles viennent progressivement se joindre certaines catégories non salariées mais exploitées et dépendantes — en particulier, les paysans travailleurs. Il peut alors trouver des convergences d'intérêt avec les classes moyennes victimes des monopoles, et porter les espoirs des différents groupes dominés ou aliénés du fait de leur sexe, de leur âge, de leur appartenance ethnique... C'est l'évolution du capitalisme qui est à l'origine de cette nouvelle structure sociale, caractérisée avant tout par l'accroissement, la diversité, l'homogénéité et la combativité croissantes du salariat. Il en résulte la possibilité d'un commencement immédiat de passage pacifique au socialisme, à travers la transformation du front de classe spontané en front de classe anticapitaliste, soudé par le PS et l'union de la gauche que celui-ci recherche. Mais le débat théorique reste ouvert quant aux natures exactes de chaque composante du front de classe et de l'ensemble ainsi constitué. Conçu comme élément d'une analyse fidèle au marxisme et tenant compte de la réalité nouvelle, le concept de « front de classe » partage l'histoire de la stratégie unitaire à laquelle il est indissolublement lié, depuis son « invention » par Jean Poperen jusqu'à son adoption comme l'un des piliers de « l'identité » du Parti socialiste. [Revue française de science politique XXVIII (2), avril 1978, pp. 277-295.]
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