J’examine ici la pertinence de la catégorie de « blanchité » pour l’analyse du racisme en Occident. Cette catégorie, travaillée par les Whiteness Studies, a l’avantage de rendre visibles les mécanismes systémiques garantissant aux « BlancHEs » un accès privilégié au pouvoir et aux ressources. Je ferai valoir notamment que les vives résistances suscitées au Québec par la notion de racisme systémique fut un révélateur d’une certaine « fragilité blanche » qui se manifeste, typiquement, lorsque le rôle et les intérêts des « racisantEs » dans la reproduction des rapports sociaux de « race » sont nommés et rendus visibles. Toutefois, aussi utile soit-il pour l’étude du racisme, l’usage sociologique de la notion de blanchité commande certaines précautions, afin de la complexifier et de la dégager des cadres essentialisants à travers lesquels elle est encore trop souvent appréhendée au sein des Whiteness Studies. Je soutiendrai en outre qu’on ne peut penser la blanchité sans réfléchir conjointement au processus de construction de la nation et de ses étrangers intérieurs. Par ailleurs, l’expérience de la blanchité varie en fonction des rapports mutuellement structurants entre la « race » et d’autres facteurs de différenciation sociale (ex. : genre, classe).
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