À partir de novembre 2018 et pendant plusieurs mois, la vie politique et médiatique en France a été marquée par le mouvement dit des Gilets jaunes. Initialement dirigé contre la hausse du prix des carburants, ce mouvement social s’est développé à travers des blocages de routes, l’occupation permanente de ronds-points et des manifestations hebdomadaires dans les grandes villes françaises. Par ses traits atypiques, le mouvement des Gilets jaunes questionne la sociologie de la politisation, des mouvements sociaux et de l’apprentissage des activités militantes. L’objectif de ce débat est de réunir des chercheurs (Z. Bendali, R. Challier, M. Della Sudda et O. Fillieule) ayant mené des enquêtes sur les actions et les collectifs des Gilets jaunes. Ces enquêtes permettent de comprendre les modalités d’apprentissage pratique de l’action collective et de politisation dans et par la participation au mouvement des Gilets jaunes.
Cet article revient sur le débat sur la droitisation des classes populaires et défend une approche relationnelle et localisée en s’appuyant sur le concept d’espace social tel que défini par P. Bourdieu. L’objectif est d’analyser le rapport au politique de groupes ayant plutôt peu de ressources (situés dans la moitié basse de l’espace social), mais disposant de relativement plus de capital économique que de capital culturel (situés à droite de l’espace social). En cherchant à percevoir les différences au sein des groupes peu dotés, on se donne les moyens de penser dans la nuance un phénomène (le vote à droite et à l’extrême droite) qui n’est ni tout à fait nouveau ni uniforme. Les enquêtes par immersion apparaissent particulièrement ajustées pour saisir les logiques sociales à l’œuvre dans les relations distantes au politique qui caractérisent souvent ces groupes. Cette introduction présente enfin les principaux résultats qui ressortent des recherches sur le quart « en bas à droite » réunies dans ce dossier. Le texte aborde ainsi la place du travail, les visions du monde qui résultent des configurations dans lesquelles sont pris les groupes, et le rôle déterminant de l’offre politique dans la conversion de ces visions du monde en prises de position politiques.
Cet article prend pour objet le débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2017. Il s’agit par cette étude de cas d’analyser les processus de réception de l’information politique par des publics socialement et politiquement diversifiés. L’article prend appui sur des enquêtes intensives par observations, conduites simultanément pendant le débat au sein de sept groupes contrastés. L’analyse donne à voir des processus sociaux de mise en ordre des réceptions à deux échelles articulées : d’une part, celle des interactions au sein des groupes, qui tendent à produire de l’homogénéité et à neutraliser les dissonances, d’autre part, celle de l’espace social des publics, de leurs lectures alternatives de l’émission et de leurs (non) ajustements à l’interprétation qui s’imposera dans les débats publics. La mise en relation de ces résultats montre comment l’ordre social se réfracte dans l’ordre des réceptions politiques.
En étudiant les commérages que provoque l’engagement de précaires sur une liste Front national lors des municipales de 2014, l’article analyse les logiques sociales et politiques qui incitent les habitants d’un bourg rural de Lorraine, souvent membres ou proches des classes populaires, à dénigrer ou éviter les groupes les plus dominés. Ce cas d’étude permet d’analyser les stratégies d’implantation du FN en milieu populaire et révèle au passage certaines contradictions de ce parti. En donnant à voir un segment particulièrement marginalisé des mondes ruraux, il réinterroge la question de l’autochtonie à partir du point de vue de celles et ceux qui en sont exclus et tentent de s’y faire une place. En montrant comment les différents acteurs militants locaux (de droite, de gauche, du FN) se positionnent par rapport aux précaires, il rappelle enfin combien l’offre politique participe à façonner les représentations et les relations sociales ordinaires.
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