C'est avec une certaine incrédulité que l'on découvrait, il y a quelques années, en feuilletant l'édition moderne d'un texte religieux du début du XV e siècle, l'existence d'un apôtre étrange du nom de Jacques l'Ennuieur. On se prenait à rêver à quelque évangile apocryphe, à imaginer comment la tradition avait fini par éliminer ce personnage mais, finalement, l'hypothèse théologique n'en était pas une, l'orthodoxie restait sauve : il s'agissait d'une simple faute de lecture pour Jacques le Mineur.
Entre 1900 et l'an 2000, les études de la littérature du Moyen Âge ont beaucoup changé. C'est que les connaissances factuelles ont progressé, mais aussi que les méthodes employées pour aborder les textes ont évolué. Dans ce court survol des grandes tendances exégétiques du XXe s., l'accent est mis sur l'emboîtement des études littéraires du Moyen Âge dans le paysage institutionnel et universitaire. En un siècle, la littérature française du Moyen Âge a ainsi acquis ses lettres de noblesse. Considérée, vers 1900, comme une littérature « enfantine » et « innocente », elle est aujourd'hui l'égale de ses sœurs modernes. Cette situation est largement due au fait que les approches pratiquées aujourd'hui par les médiévistes sont « importées » des siècles voisins ou des théoriciens de la littérature, qui, en général, ont élaboré leurs concepts à partir d'un corpus non médiéval. De là des éclairages toujours nouveaux de notre vieille littérature, mais dont certains, toutefois, ne rendent pas bien compte de la littérature médiévale.
Le présent article propose un petit itinéraire à travers un siècle d'études médiévales où quelques exemples permettent de mesurer les glissements de l'intérêt des chercheurs au fil du temps.
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