Afrique, la globalisation par les SudsCoordonné par Sandrine Perrot et Dominique Malaquais Document téléchargé depuis www.cairn.info -Institut d'Etudes Politiques de .93 -03/12/2014 09h20. © Editions Karthala LE DOSSIERAfrique, la globalisation par les Suds ou, plus encore, imaginaires de l'Afrique 2 et espoirs de succès économique. M. Liu en est de toute évidence conscient. Homme d'affaires chinois originaire de la ville de Baoding, située à 140 kilomètres au sud de Pékin, il était, en 1998, à la tête du bureau du commerce extérieur de la province du Hebei. Il cherchait des idées innovantes afin de relancer les activités économiques de Baoding, alors touchée par la crise asiatique. Pour ce faire, expliquait-il, il fallait voir -et donc regarder -loin. Cela l'amena en Zambie. Il y rencontra une centaine d'anciens résidents de Baoding qui, après avoir terminé la construction d'un barrage, étaient demeurés là. Ils disaient bénéficier de meilleures conditions de vie en Afrique, où ils pouvaient vivre aisément d'agriculture ou d'élevage. L'idée plut à M. Liu, qui lança en conséquence le concept des « villages [dits] Baoding ». En quelques années, annonçait-t-il dans les médias, lors de conférences et workshops, quelque 10 000 fermiers originaires du Hebei se seraient délocalisés, sur sa recommandation, pour fonder des villages « chinois » dans plus de dix-hui pays africains, dont le Rwanda, l'Afrique du Sud, le Mozambique ou encore le Ghana 3 .Cette réussite entrepreneuriale africaine fit le tour des médias chinois et européens. Elle bâtit la réputation de M. Liu et de ses villages Baoding : on en parlait jusque dans les foyers les plus modestes de sa province. La chose, cependant, parut suspecte à un groupe d'internautes chinois installés en Afrique qui, pour s'en assurer, lança une enquête. Les résultats furent sans appel : point de villages Baoding ; ils avaient été inventés par M. Liu. Au-delà de son amusante sophistication, ce canular est révélateur, comme le souligne une équipe d'anthropologues, de la manière dont « des Chinois ordinaires s'investissent dans une nouvelle culture d'entrepreneuriat global et envisagent les possibilités d'un cosmopolitanisme chinois », une nouvelle représentation de soi et de l'insertion de la Chine dans le monde et, plus spécifiquement, en Afrique 4 . Les discours, conférences et autres interviews de M. Liu créèrent un réel engouement, un véritable « phénomène culturel », pour reprendre la tournure proposée par M. Liu lui-même. Car cette « légende rurale » est aussi l'expression idéelle des désirs d'ailleurs d'une classe moyenne urbaine chinoise, précarisée par la transition vers l'économie de marché 5 , mais également -et le phénomène est plus récent -d'une main-d'oeuvre agricole ayant choisi de quitter la Chine et la restructuration du marché pour trouver, dans d'autres pays du Sud et en Afrique notamment, des options de reclassement.Les ouvrages et autres numéros spéciaux sur les relations Chine-Afrique se sont multipliés ces dernières années, suivis de près par des écrits sur...
L’armée ougandaise offrait jusqu’à récemment l’image d’un corps professionnel, discipliné et bien organisé. La pacification relative du pays après vingt ans de guerre civile semblait indiquer que la force armée avait enfin été domestiquée. Mais la poursuite des violences dans le Nord et, surtout, la guerre menée au Congo révèlent que l’UPDF connaît aujourd’hui des tendances à la criminalisation sous la coupe d’officiers affairistes devenus de véritables entrepreneurs de l’insécurité.
Politique africaineLes nouveaux interventionnismes militaires africains -pour lesquels le principe de souveraineté équivalait à une reconnaissance internationale de leur existence. À quelques exceptions près (quand elle est menée à l'invite d'un gouvernement, dans le cas d'une contre-intervention ou d'autodéfense, lorsqu'elle est légitimée ou requise par une organisation collective), l'intervention y était définie comme une agression.Mais la guerre froide a revitalisé cette politique étrangère intrusive. Considérant le coût d'une guerre globale (que les deux guerres mondiales avaient permis d'estimer) et les risques nucléaires que celle-ci engendrerait, les deux superpuissances américaine et soviétique avaient opté pour une « périphérisation » de leurs conflits bipolaires sur des terrains où les enjeux autant que les risques sécuritaires et financiers étaient minimisés. L'intervention dans le « tiers-monde » était alors la manifestation locale du conflit idéologico-structurel qui les opposait dans le cadre de leur compétition globale. Le terrain africain ne représentait qu'un intérêt stratégique somme toute minime pour les superpuissances, mais le but recherché consistait à combler toute vacuité de l'espace afin d'éviter que l'adversaire ne la comble avant.Les pays cibles africains n'étaient pas pour autant la pâte molle de ces interventionnismes. Ils s'employaient à contrarier leur mise sous tutelle par des mécanismes d'escapisme et de résistance qui profitaient, en partie, des lignes de fracture entre les deux blocs pour démultiplier et donc affaiblir leurs sources de dépendance. Bien souvent, les enjeux régionaux dévitalisaient les stratégies rivales des superpuissances ; l'importance des relations bilatérales africaines et les dynamiques locales modéraient alors l'impact de leurs politiques d'influence globales 4 .En dehors de quelques exceptions (celle de l'Afrique du Sud notamment), la bipolarité mondiale avait, sinon éliminé, du moins atténué les centres de force autres que ceux des superpuissances. Les rivalités interafricaines ont été soit gelées, soit instrumentalisées de manière à coïncider avec la politique d'endiguement de l'un ou l'autre des deux blocs. Mais, surtout, « l'absence de puissance dans les relations intra-africaines 5 », décrite par W. Zartman au
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