International audienceLe présent article, synthèse d'une recherche collective qui explique le choix des exemples, cherche à taire le point sur les marques lapidaires, dont le nom d'usage de « marque de tâcheron » reflète une interprétation aussi abusive que réductrice de sa signification. En amont des questions portant sur l'évolution de la forme du signe, de la spécificité régionale et du sens, notre contribution décrit les différents types de marques, leur position sur le bloc, la distinction de la technique d'application : incision, griffure ou simple traçage avec une matière colorante, rarement conservée. La place du signe lapidaire dans la chaîne opératoire, qui diffère selon les cas, les époques et les régions, est envisagée à partir de l'étude archéologique de cas qui mettent en évidence le lien des marques et de leur répartition dans un édifice avec la progression du chantier, indépendamment du sens comptable ou autre que l'on puisse tenter de leur attribuer.En contradiction avec sa désignation courante en langue française, qui présuppose que la marque lapidaire soit un signe individuel et le témoignage, voire le synonyme systématique d'une rémunération du tailleur de pierre à la tâche, l'archéologie du bâti met en évidence des situations très différentes, qui échappent à toute généralisation, et simplification. Du signe lié au processus de la taille aux marques de module d'assise, de comptage, de contrôle ou d'assemblage, le lien concret avec le tailleur de pierre individuel peut s'effacer devant une réalité complexe, où le marquage des blocs, collectif et anonyme, peut servir à désigner, par exemple, un lot de fabrication et/ou de livraison. L'importance du chantier, la maîtrise d'œuvre et d'ouvrage, les ressources en matière première et en main d'œuvre, les conditions du marché, les possibilités de transport et les contraintes de la mise en œuvre sont autant de facteurs que reflètent les signes lapidaires et leur répartition dans l'ouvrage