Dans « The Poet », Ralph Waldo Emerson peint le portrait du « poète véritable » (« true poet » EL 450), libre, qui contraste en tous points avec les « hommes aux talents poétiques » (« men of poetic talents » EL 450), enchaînés dans la prison de leur intellect. Tout au long de l'essai, Emerson met un point d'honneur à tourner en ridicule les poètes ordinaires, les poètes traditionnels, dont les exploits littéraires ne survivent pas au temps des mondanités, et leur préfère les vers du poète authentique, du poète à venir, qu'il prophétise dans le même mouvement de l'essai. Dans cette polarisation entre le poète véritable et le poète ordinaire, la voix de l'essai adopte le point de vue d'une personne emprisonnée, au même titre que celle du poète traditionnel. Il s'installe alors un sentiment paradoxal, car, si la voix narrative admet sa captivité (EL 451-452), le poète présenté semble pourtant renvoyer à la voix narrative de l'essai, plus communément appelée Emerson, de sorte que le lecteur semble se tenir en présence de deux voix : celle de l'essai manifeste et lisible, et celle du poète, silencieuse et invisible.L'enjeu de cet article consiste alors à mettre au jour la « transaction secrète » 1 qui semble avoir lieu entre la voix de l'essai et celle du poète. Plus précisément, il s'agira de d'explorer dans quelle mesure la voix du poète peut répondre à celle de l'essai, car, si la collision des voix et la transformation réversible de l'une en l'autre n'a pas lieu dans « The Poet », l'espoir de faire advenir une voix poétique dans le champ réflexif du discours normatif est pourtant formulé dans l'exhortation finale au poète de révéler ses chants. Pour ce faire, il conviendra tout d'abord de s'intéresser à la logique discursive de l'essai « The Poet » pour affirmer qu'Emerson ne présente pas directement le poète, mais son négatif photographique, à distance de son incarnation effective dans le discours (première section). Puis il sera question de lire un poème d'Emerson, et de se concentrer sur le moment de crise que traverse le poète dans l'exercice de son art -la conversion de la perception en expression -, pour confirmer que le poète attendu ne peut s'incarner à la manière dont le propose l'essai « The Poet » (deuxième section). Enfin, il faudra s'interroger sur la possibilité même de réconcilier les deux voix identifiées dans « The Poet » et relire un passage de l'essai « Experience » pour montrer que la voix du poète peut parfois s'entrelacer avec celle de l'essai, et ainsi mettre au jour les modalités de cette transaction secrète. La logique discursive du négatifDans Emerson's Romantic Style, Julie Ellison lit dans « The American Scholar » un affrontement entre deux classes antagonistes « us » et « them » -les Américains d'une part, et les Européens d'autre part -, qu'Emerson met en scène par le négatif. (Ellison 98) Dans Emerson and the Conduct of Life, David Robinson souligne quant à lui que l'esprit objectif du photographe ou du portraitiste donne le ton de la série de conférences The Times, en particulier ...
No abstract
Via l’étude d’une sélection de passages de l’œuvre d’Emerson, cet article interroge la notion de plaisir dans le contexte de différents types d’interaction. Il explore ainsi les tensions entre les plaisirs physiques et intellectuels, et les plaisirs hauts et bas, chez Emerson, et s’intéresse aux rapports que le Sage de Concord entretient avec diverses expériences du plaisir. En effet, Emerson hiérarchise certaines formes de plaisir, et oscille volontiers entre plaisirs physiques et intellectuels, afin de soutenir une quête idéaliste du plaisir pur. Ainsi, il tente inlassablement d’intellectualiser des manifestations du plaisir qui s’originent, paradoxalement, dans des formes spécifiques d’interaction – le souvenir, l’amitié et la lecture. Ces formes d’interaction, une fois établies et soutenues, sont vouées à être dépassées, afin de permettre au sujet mémoratif, à l’ami lointain, ou au lecteur contemporain, d’en tirer un bénéfice personnel sur le chemin de la confiance en soi.
Cet article propose de mettre en lumière le paradoxe de l’ivresse poétique dans l’œuvre d’Emerson. Parce qu’il fustige les effets des psychotropes conventionnels sur l’intellect, Emerson déconstruit la représentation traditionnelle du poète romantique : l’ivresse ne tiendrait pas le poète dans un état extatique qui formerait la source de son inspiration. Pourtant, s’il déconsidère les effets des psychotropes traditionnels, Emerson retient le processus d’ébriété comme une condition nécessaire à l’épanouissement poétique. La substance qui doit permettre au poète d’accéder à un état extatique sans voiler sa perception ou altérer ses sens n’est autre que l’eau. L’enjeu de cet article est ainsi de montrer quel état extatique l’eau peut bien produire sur le poète.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.
customersupport@researchsolutions.com
10624 S. Eastern Ave., Ste. A-614
Henderson, NV 89052, USA
This site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.
Copyright © 2024 scite LLC. All rights reserved.
Made with 💙 for researchers
Part of the Research Solutions Family.