La Gestalttheorie n’est pas seulement un corps de doctrine commun à plusieurs écoles de l’histoire de la psychologie : elle s’est voulue d’abord une théorie universelle des formes et des organisations, ayant vocation à valoir dans une pluralité de champs scientifiques dont elle aurait constitué un principe d’unification. Cet article dresse un inventaire de son héritage, et cherche à déterminer le rôle qu'elle pourrait jouer à nouveau dans les sciences cognitives. A cette fin, nous évoquerons d’abord le contexte dans lequel ce mouvement de pensée s’est développé, pour ressaisir ensuite quelques-unes de ses caractéristiques les plus originales : appartenance au grand mouvement philosophique et scientifique de la phénoménologie ; lien constitutif à la physique du champ et aux mathématiques des systèmes dynamiques ; identification de la perception à une structure générale de la cognition ; saisie solidaire des formes et des valeurs ; conception unitaire de la perception, de l’action et de l’expression. Une fois ce parcours effectué, on sera en mesure de comprendre les résonances, et les absences significatives de la Gestalt dans les sciences cognitives et les sciences du langage contemporaines. On verra ainsi que le sens le plus intéressant pour une reprise de l’héritage gestaltiste se trouve à partir d’un réexamen critique de son dynamicisme : donc en revenant à sa conception du temps, à ses problématiques génétiques, au rôle joué par le mouvement et par l’action dans la constitution (du sens) des formes.
© École des hautes études en sciences sociales LE TRAVAIL ÉPISTÉMOLOGIQUE ET THÉORIQUE dont nous présentons ici les grandes lignes s'inscrit dans l'ensemble des recherches qui depuis une quinzaine d'années tentent de démêler les conditions et les scénarios d'émergence et d'évolution de diverses formes et activités symboliques au cours de l'hominisation. Pour une large part, ces recherches se sont majoritairement centrées sur la question de l'apparition des langues humaines, dont on tente de retracer la phylogenèse, depuis un état initial que l'on se représente à partir de certaines performances sémiotiques animales (notamment celles des primates) jusqu'aux langues modernes, à travers une série d'états intermédiaires spéculativement reconstitués (expressions gestuelles, proto-langages). Un préalable évidemment nécessaire est de caractériser avec justesse les phénomènes dont on entend retracer la genèse. L'approche que nous proposons ici de l'émergence des langues dans les phases récentes de l'hominisation, puis de l'humanisation, part du principe d'une synergie nécessaire entre plusieurs formes et activités symboliques, dont la différentiation et le codéveloppement deviennent alors l'objet central de l'étude. En particulier, il y aurait un lien natif entre les performances sémioticolinguistiques et la capacité à développer des comportements ritualisés singuliers, dont elles sont des médiations pratiques essentielles, en même temps qu'elles en constituent et signifient les enjeux centraux.
Cet article traite du problème de la représentation connexionniste des structures et des processus, dans la perspective d'une schématisation possible de certaines théories linguistiques. Une première partie définit le statut des modèles concernés. La seconde partie énonce le problème de la structure, et analyse les moyens techniques dont on dispose actuellement pour y répondre. Une approche générale du traitement des processus symboliques par le biais d'une syntaxe d'attracteurs est ensuite dégagée. Une troisième et dernière partie présente quelques remarques sur la portée du paradigme connexionniste dans le domaine linguistique, et au-delà dans la conception des systèmes symboliques.
L’affrontement philosophique entre empirisme et intellectualisme se continue dans les sciences cognitives contemporaines. Il se retrouve aujourd’hui dans le débat entre épistémologies externalistes et internalistes, avivé par le développement récent de théories énactivistes d’inspiration varelienne. Ce sont certaines de ces théo-ries, présentées comme externalistes et énactivistes, que nous commentons ici (Lenay, Noë). Tout en nous accordant à leur perspective anti-intellectualiste, et dans une cer-taine mesure non-représentationnaliste, nous en critiquons le concept de contingence sensorimotrice, qui signe le retour à un empirisme simple, méconnaissant le statut originaire de la forme et du sens. L’exposé aborde les points suivants : constitution du corps propre, formes et champs, organisation et émergence, microgenèse et phases de l’action, anticipations et savoir-faire. Nous soulignons en conclusion le caractère iné-liminable des questions de sens, ainsi que leur nature sémiotique et sociale, qui conditionne toute éventuelle distinction entre intérieur et extérieur.
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