Si les footballeuses de l’Olympique Lyonnais disposent d’un palmarès sportif inégalé (16 fois championnes de France, 9 fois vainqueures de la Coupe de France et 8 fois de la Ligue des championnes de l’UEFA), elles restent cependant dans l’ombre des hommes, notamment au niveau de la production littéraire et scientifique. Inspirée des apports de la micro-histoire, de l’approche biographique et des études de genre, l’article investit une « face cachée » de l’Olympique Lyonnais via les récits de vie de sept joueuses du club entre 2000 et 2019 et l’analyse du journal local Le Progrès et du journal sportif national L’Équipe entre 2004 à 2010. Revenant sur les conditions de l’intégration des femmes à l’OL en 2004 et de leur progression sportive vers l’excellence, l’article montre comment l’amélioration des conditions matérielles de pratique, grâce à l’engagement d’un président allié, alimente tant sur la production de performances sportives que la reconnaissance des athlètes. Ce cercle vertueux reste pourtant, d’une part, relativement exceptionnelle dans le monde du football des femmes en France et, d’autre part, limité car bien que dominantes dans l’espace du football des femmes, elles n’en restent pas moins dominées dans l’espace du football professionnel. Ainsi, leurs récits témoignent de ce statut paradoxal, à être privilégiées dans l’espace des femmes et, dans le même temps, dominées dans l’espace footballistique global. Les joueuses incorporent elles-mêmes cet ordre de genre lorsqu’elles analysent leurs trajectoires en termes de don plus que de mérite, en termes de chances plus que de droits.