Anthropologie et migrations africaines en France : une généalogie des recherches

Abstract

Longtemps la perception et le traitement de l'immigration en France ont rimé avec Maghreb. La présence en France de ressortissants des pays d'Afrique subsaharienne, plus tardive il est vrai, et moins importante numériquement que celle des populations d'Afrique du Nord est longtemps passée inaperçue. Par ailleurs, s'agissant de la constitution du champ scientiique, si les thématiques relatives aux migrations sont restées des années durant largement marginalisées voire dépréciées, des disciplines telles la géographie, la démographie et la sociologie s'en sont néanmoins saisies bien avant l'anthropologie. Sans doute la cécité particulière de cette dernière trouve-t-elle une de ses raisons dans la grande tradition africaniste française, longtemps dominée par l'école griaulienne et la « passion dogon » (Albers, 2006), qui a privilégié les enquêtes dans la brousse africaine et mis l'accent sur l'étude des rituels et des mythes. Il n'est pas indifférent que, comme l'a raconté Georges Balandier, Marcel Griaule ait cherché à le dissuader d'entreprendre un terrain en milieu urbain et que, ayant outrepassé cet interdit, le premier ait placé ses écrits sous l'égide de la sociologie plutôt que de l'ethnologie. Si, depuis cette époque, les études sur les villes africaines se sont multipliées, c'est sur les terrains situés hors d'Afrique que cette réticence s'est déplacée et longtemps maintenue : bien des ethnologues travaillant sur les migrations africaines ont encore jusqu'à récemment éprouvé la résistance et l'incompréhension de leurs pairs africanistes à l'égard des recherches en France. Comment une approche anthropologique de ce phénomène doublement occulté s'est-elle peu à peu imposée ? Dans quelle mesure le contexte politique et idéologique français at -il marqué ces recherches de son emprise ? Plus que d'un tableau exhaustif, il s'agira, à travers

African colonial soldiers, memories and imagining migration in Senegal in the twenty-first century

“…From the early 1960s until the early 1980s, West African migrations, particularly from the region of the Senegal River, were analysed mainly from the perspective of a Marxist paradigm. The migrant – who was essentially seen as an immigrant – was often considered illiterate, someone coming from a rural area who was exploited for his labour power (Kuczynski and Razy 2009: 82). In the 1990s, following research in other areas, notably Alain Tarrius's (1992) work on Marseille and the Maghreb, studies of migration tended to focus less on immigration and the place of immigrants in the host society – questions formulated in French public debate under the term ‘integration’ – and more on phenomena of circulation (Tarrius 1992).…”

“…In the case of sub-Saharan African nationals, some studies underlined these dynamics in connection with the Congolese diaspora in Paris. The studies by Didier Gandoulou (1989) on the phenomenon of ‘clothing’ or ‘gear’ ( la sape ) have shown that the migration experience was not necessarily linked to economic distress but ‘conceived as an initiatory journey; it allowed them [migrants] to turn designer clothes into material and symbolic capital’ (Kuczynski and Razy 2009: 94). Nevertheless, it should be noted that, in the Senegalese case, networks of Sufi orders were at the centre of any analysis.…”

La construcción del proyecto migratorio y las razones de emigrar en la población de África subsahariana de habla francesa. Un estudio intercontinental Europa - África

“…Fue sólo a partir de la década de los años sesenta "cuando su presencia en Francia comenzó a ser más intensa, que los inmigrantes africanos hicieron su aparición en algunos pocos y raros estudios en ciencias sociales" 3 (Kuczynski & Razy, 2010). Así, aunque es posible encontrar investigaciones francesas en relación con África o con las poblaciones negras de los departamentos y territorios de ultramar (DOMTOM 4 ), para estos estudios la condición negra no ha sido un eje de investigación en sí mismo, sino una variable a controlar, una condición demográfica a tener en cuenta, sin constituir de ninguna manera un eje temático de investigación.…”

Migration-Religion Studies in France: Evolving Toward a Religious Anthropology of Movement

“…In the 1980s, the State took possession of this debate in response to a growing demand for knowledge about the immigrant population and living conditions in France, coming from social workers, employees of the education and health systems, and administrative personnel (Kuczynski & Razy 2009). It issued calls for project proposals, mostly through State structures such as FAS, 4 DPM 5 and CNDP, 6 and through community organizations, many of which were funded by the aforementioned entities.…”