Longtemps la perception et le traitement de l'immigration en France ont rimé avec Maghreb. La présence en France de ressortissants des pays d'Afrique subsaharienne, plus tardive il est vrai, et moins importante numériquement que celle des populations d'Afrique du Nord est longtemps passée inaperçue. Par ailleurs, s'agissant de la constitution du champ scientiique, si les thématiques relatives aux migrations sont restées des années durant largement marginalisées voire dépréciées, des disciplines telles la géographie, la démographie et la sociologie s'en sont néanmoins saisies bien avant l'anthropologie. Sans doute la cécité particulière de cette dernière trouve-t-elle une de ses raisons dans la grande tradition africaniste française, longtemps dominée par l'école griaulienne et la « passion dogon » (Albers, 2006), qui a privilégié les enquêtes dans la brousse africaine et mis l'accent sur l'étude des rituels et des mythes. Il n'est pas indifférent que, comme l'a raconté Georges Balandier, Marcel Griaule ait cherché à le dissuader d'entreprendre un terrain en milieu urbain et que, ayant outrepassé cet interdit, le premier ait placé ses écrits sous l'égide de la sociologie plutôt que de l'ethnologie. Si, depuis cette époque, les études sur les villes africaines se sont multipliées, c'est sur les terrains situés hors d'Afrique que cette réticence s'est déplacée et longtemps maintenue : bien des ethnologues travaillant sur les migrations africaines ont encore jusqu'à récemment éprouvé la résistance et l'incompréhension de leurs pairs africanistes à l'égard des recherches en France. Comment une approche anthropologique de ce phénomène doublement occulté s'est-elle peu à peu imposée ? Dans quelle mesure le contexte politique et idéologique français at -il marqué ces recherches de son emprise ? Plus que d'un tableau exhaustif, il s'agira, à travers
En tant qu'ethnologues (ou anthropologues, comme on le dit aussi), nous sommes confrontés scientifiquement à la diversité ethnique, religieuse, culturelle, etc. Or à ce sujet, les médias usent souvent de mots, de concepts tels ceux de "communauté" et d' "'identité", dont aucune réflexion critique ne tempère l'utilisation schématique et simplificatrice. Ce fait trouve une résonance particulière actuellement en France, où racisme et xénophobie misent précisément sur l'incompréhension, les préjugés, les malentendus. C'est pourquoi nous considérons qu'il est de notre devoir d'intervenir dans ce débat, auprès de différents publics, et de contribuer à éviter que ne se perpétuent amalgames et confusion. L'UTILISATION DU TERME "COMMUNAUTE" Ce concept accordéon s'il en est, puisqu'il peut tout aussi bien désigner la CEE qu'un petit groupe aussi restreint et sélectif qu'une communauté monastique, semble à première vue présenter les avantages d'une réelle élasticité. Mais à y regarder de plus près, l'usage abusif de ce terme par la presse et les médias, et même dans la recherche, peut mettre mal à l'aise. L'expression de certains individus, de certaines associations est ainsi établie comme la "voix de la communauté"-juive ou musulmane, asiatique ou maghrébine. Comme si, derrière certaines appartenances religieuses ou "ethniques" se constituait nécessairement toute une vie communautaire dont l'homogénéité se révélerait à certaines occasions par un porte-parole, par "une seule voix". A cette vision unanimiste-tous les membres de la communauté rangés comme un seul homme derrière leur
Résumé En Martinique, l’islam est apparu dans les années 1980. Représenté d’abord par des migrants venus d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, il a gagné progressivement des Martiniquais qui se sont convertis tandis que d’autres, notamment des commerçants palestiniens présents dans les îles depuis longtemps, reprenaient une pratique religieuse qu’ils avaient abandonnée. La question de l’origine et la mémoire des lieux jouent un rôle essentiel dans les essais de structuration de l’islam dans les îles et dans la séparation en différents groupes. On identifiera trois références antagonistes, variables dans leur efficacité et leurs effets, qui orientent de façon différente selon les groupes tant l’agencement des lieux que les rituels et les comportements des fidèles : la référence à l’arabité et à un terroir « originel » oriental; la référence (ambiguë) à l’Afrique; la référence au terroir antillais.
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