Constant Hamès Problématiques de la magie-sorcellerie en islam et perspectives africaines « [...] et lorsqu'ils ont entendu parler de sihr [magiesorcellerie] et de talismans, ils se sont montrés dédaigneux, assimilant cela à de l'ignorance (jahl) et à la croyance à des mensonges et à des fausses idées (khurâfât) » 51 e épitre des Rasâ'il ikhwân as-safâ' [Épitres des frères de la pureté] (X e siècle). L'analyse des rapports entre magie-sorcellerie et islam, dans le cas de l'Afrique comme ailleurs, demande à être située dans une perspective historique pour faire apparaître ses origines anciennes, ses permanences, ses évolutions et adaptations. Elle doit aussi s'accompagner d'une tentative de clarification des notions véhiculées à ce sujet dans le contexte islamique et elle doit se demander quel est le bilan des travaux menés dans un domaine où les pratiques sociales débordent de partout les capacités opérationnelles de la recherche. Constitution du corpus magique islamique Une bonne partie de ce qui deviendra magie islamique se trouve déjà là, au point de départ. En effet, l'islam démarre en Arabie et incorpore, dès le Coran, dès les faits, gestes et paroles du Prophète, l'incantation thérapeutique (ruqiya), l'imprécation (li c ân), le rite de propitiation, de guérison ou d'ensorcellement (sihr), les techniques de divination (fa'l), la croyance en des esprits supérieurs efficaces (jinn), toutes pratiques et croyances qui ont cours dans les sociétés de la péninsule arabique (Fahd 1987). La plupart d'entre elles ont traversé le temps, suivant des modalités techniques et culturelles diverses. La ruqiya, par exemple, sous forme de récitation coranique ritualisée, apparaît depuis les années 1990 comme
Au sein des populations musulmanes, il est souvent fait recours à l'action efficace prêtée au livre saint, le Coran. Par ailleurs, des témoignages coraniques et des traditions relatives au Prophète accréditent l'idée de pouvoirs particuliers inhérents à certains passages coraniques. Une littérature savante s'est emparée du sujet et a développé des traités de magie talismanique, où le texte coranique constitue un matériau privilégié. L'important reste cependant que le Coran n'est pas mis en œuvre dans son état brut mais qu'il est soumis à un travail de transformation qui agit sur la forme et sur le sens, selon des procédés couramment employés dans les techniques magiques.
Ibrahim ben 'Abderrahmän ben Khaldün [...] wa nasabunä fl Hadramawt min 'arab al-Yaman ilâ Wâ'il ben Hijr min aqyal al-'arab ma 'arüf wa aktaru ma yakunu sukna al-badwi li ahl al-ansäb lianna luhmat an-nasab 'aqrabu wa 'asaddu fatakünu 'asabJyatuhu kadalika. [...] notre nasab remonte à Hadramawt, aux Arabes du Yémen, jusqu'à Wa'il ben Hijr, prince arabe renommé (Ibn Khaldün 1971, VII : 379-380).
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