Commun numérique de connaissance : définition et conditions d’existence

Abstract

Le terme « commun de connaissance » est utilisé pour décrire les projets de production collective de connaissance, notamment en ligne. Il renvoie aux travaux d'Ostrom & Ostrom sur la gestion d'une action collective. Parce que non rivale, la connaissance apparaît étrangère aux questions de régulation d'accès et d'exploitation de ressources rivales des communs classiques, ou des collectifs plus traditionnels de collaboration scientifique. À l'aide de trois exemples de production collective en ligne (Debian, Georezo, Wikipedia), nous précisons ce qu'est la ressource partagée : le système socio-technique de production des connaissances nouvelle, et en quoi celle-ci est rivale. Nous montrons ainsi ce qu'est le « commun numérique de connaissance ». Cette analyse réduit, mais précise ce qui peut s'appeler un commun de connaissance et permet de proposer des hypothèses sur quand, et comment, un commun peut apparaître pour organiser la production de la connaissance, notamment scientifique.

Commoning with blockchain. The Ğ1 libre currency/Duniter case

“…Studies have therefore focused on defining these new information commons (Broca & Coriat, 2015;Coriat, 2015;Hess & Ostrom, 2007;Zimmermann, 2020), better locating where the scarcity in these digital commons lies in order to help understand the conditions of their existence (Jullien & Roudaut, 2020), and questioning their sustainability (Greco & Floridi, 2004;Potts, 2018). To an extent, some of the analyses suggest that the production of intangible commons may be associated with a new model of socio-economic production, that of commons-based peer production (CBPP) (Arvidsson et al, 2017;Benkler, 2006;Hippel & Krogh, 2003).…”

“…However, recent work by Jullien and Roudaut (2020) challenges the often too quickly accepted meaning of the information commons. Indeed, managed resources in the information commons are non-exclusive and non-rivalrous, making these resources akin to a public good rather than a common resource.…”

“…Their work thus emphasizes the importance of analysing the rights and obligations of participants and, more specifically, the bundles of rights, in the spirit of Ostrom and Schlager (1996), in order to avoid the risk that "any decentralized online platform where participants share a common goal" qualifies as an information commons (Jullien & Roudaut, 2020, p. 71). These authors show, therefore, that, in knowledge commons such as Wikipedia, it is the contribution that is highly regulated on several levels, despite its apparent openness to all (Jullien & Roudaut, 2020;Jullien & Zimmermann, 2006). Specifically, access to administrative infrastructures and certain privileges acquired by the individuals involved are rivalrous, with the rivalry being acted out by peers a posteriori during the evaluation and regulation process (Jullien & Roudaut, 2020).…”

Les stratégies open-sources selon le paradigme des modèles économiques

“…Il faut aussi structurer les règles de contribution, les outils d'évaluation du code, de décision, ce qui passe par une certaine bureaucratisation de l'organisation (O'Mahony et Ferraro, 2007). Bref, il faut mettre en place les faisceaux de droit de gestion du commun numérique (Jullien et Roudaut, 2020). Il faut notamment arbitrer, trouver le bon équilibre entre une organisation hiérarchique, source d'efficacité productive (Lee et al, 2017), et l'ouverture, qui facilite l'intégration de nouveaux membres et donc l'innovation, dans un dilemme classique entre exploration et exploitation d'une solution technologique (March, 1991) ix .…”

“…L'effort de contribution est coûteux, d'autant plus coûteux qu'on est au coeur du projet. Il permet aussi, comme expliqué par Jullien et Roudaut (2020), un meilleur contrôle des ressources rivales du projet (le droit de donner son avis sur l'orientation du projet, le droit de gérer un module), rivales car les équipes sont maintenues petites (Mockus et al, 2002) Les acteurs présents dès l'origine d'un projet sont les mieux placés pour capter la valeur dans chaque phase, notamment dans les stratégies d'éditeur open-source, car ils contrôlent le processus de développement. Il existe ainsi des parcours entre modèles d'une phase à une autre, une forme de dépendance au sentier (Teece et al, 1997).…”