Partant d'observations ethnographiques, cet article analyse les tensions qui traversent les perspectives mises en jeu dans un programme de microcrédits géré par l'État national dans la région pampéenne de l'Argentine pendant la première décennie du XXIe siècle. L'approche privilégiée fut de dénaturaliser la notion standardisée de la solidarité reproduite par les promoteurs de ce programme. L'étude des relations interpersonnelles avec lesquelles la dynamique du microcrédit se développe montre qu'elle comprend des pratiques de donner-recevoir-rendre, mais aussi celles de prendre-garder ou de refuser-à-rendre. Les bénéficiaires voient le temps qu'ils ont accordé au programme comme substituant leur obligation de rembourser leur prêt. De sorte, les pratiques qui s'avèrent « non solidaires » aux yeux des promoteurs sont ici réinterprétées comme une forme de valorisation native axée sur un échange de temps contre l'argent. MOTS-CLEFS : solidarité, don, microcrédit, ethnographie. Between standard solidarity and renegotiated solidarity: (re)presentations of debts in an Argentinean microcredit program This article seeks to analyze, from an ethnographic point of view, the local dynamics in an Argentinean microcredit program administered by the national government in the Pampean region during the first decade of the 21 st century. The study of interpersonal relationships between promoters and beneficiaries shows that microcredit dynamics develops through practices of both giving-receiving-returning and keeping-rejecting-to-giveback. This is because beneficiaries evaluate the time given to the program as a substitute for the credit they are required to reimburse. I assert that these practices do not make up opposing logics but relational dynamics that motivate a renegotiation of the terms of exchange. The study shows that some cases and events that are considered "failures" from the point of view of the promoters of the program are experienced as mutual aid practices from the point of view of beneficiaries. By contrasting these perspectives regarding solidarity, I intend to show that "failures" in the program are also the expression of a native form of valorization based on the exchange of time for money.