La répartition primaire des revenus mesure la part de la rémunération de chacun des facteurs de production (capital et travail) dans la richesse créée au cours du processus productif. L'étude de la part salariale fait apparaître, dans le cas de la France, une forte progression entre 1973 et 1982, puis une chute spectaculaire les années suivantes, ramenant la part salariale sous son niveau de 1970-1973 dès la fin des années 1980. La baisse s'est cependant poursuivie au cours des années 1990 (à un rythme certes plus lent), baisse à laquelle des explications théoriques ont été apportées. Toutefois, la méthode usuellement employée pour mesurer la part salariale génère un biais statistique, lié notamment à la technique utilisée pour tenir compte de la salarisation croissante de l'emploi. Le recours à une méthode permettant de corriger ce biais (« méthode désagrégée ») montre que la part salariale française a en fait moins baissé depuis le début des années 1980 que ne le suggère la méthode standard.Cependant, ces deux méthodes, en se référant aux rémunérations des salariés pour évaluer la rémunération du travail des indépendants, surestiment la hausse de la part salariale au cours de la période 1973-1982. Une méthode alternative de calcul, estimant la rémunération du travail des indépendants sur la base de leur revenu global donne des résultats assez proches de ceux fournis par la méthode usuelle jusqu'au début des années 1990 ; par la suite néanmoins, ils tendent à converger progressivement vers ceux de la méthode désagrégée. Il ressort de cette nouvelle estimation qu'en tout état de cause, la part salariale française est restée, tout au long des années 1990, en deçà de son niveau d 'avant 1973. Nicolas Canry 2 23 36 6Revue de l'OFCE 1 10 00 0 1. C'est le cas notamment avec une fonction de production Cobb-Douglas.