La question de l’enseignement de la langue à l’école reste sensible en France et entraine régulièrement des débats et des controverses qui dépassent le cadre scolaire. La grammaire cristallise ces oppositions tant au niveau linguistique, didactique et pédagogique, politique, institutionnel, social… Nous sommes de fait face à un enseignement sous tension. Notre proposition tentera d’interroger et de croiser deux dimensions, les savoirs prescrits et les savoirs enseignés. Cette mise en interaction se fera selon deux axes: sur un axe diachronique, nous proposerons une analyse de quelques textes institutionnels qui se succèdent depuis vingt ans pour comprendre les attentes ministérielles dans un contexte national très centralisé ; sur un axe plus synchronique et en appui sur des recherches récentes, nous tenterons de cerner la réalité pédagogique de classes de CE2 et de CM1 en analysant les exercices de grammaire proposés aux élèves, les règles institutionnalisés dans les classes pour «expliquer» la langue et les démarches préconisés dans des manuels qui se disent conforment aux programmes en vigueur (ceux de 2020). À partir de ces éléments, nous tenterons de cerner les points de tension, voire les paradoxes qui traversent cet enseignement de la langue dans le contexte français.