Dans cet article qui s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche en cours, nous nous attachons à analyser, d’une part la manière dont 377 élèves issus de 16 classes belges, françaises, québécoises et suisses des niveaux scolaires 7 et 10 (12 et 15 ans) lisent une même nouvelle de Romain Gary, et d’autre part, la manière dont leurs enseignants exploitent ensuite librement le même texte durant une séance en classe. Le premier volet, qui porte sur les compétences interprétatives des élèves dans leurs réponses à un questionnaire, met en évidence la progression qui se manifeste entre les deux niveaux, tant en ce qui concerne la qualité des interprétations que leur nombre. Nous nous intéressons ensuite à l’activité des enseignants, en étudiant d’abord la part que le travail interprétatif y occupe par rapport aux autres processus de lecture, puis ses relations avec différents schèmes d’action, différents genres d’activité scolaires et différents gestes professionnels, et nous nous demandons dans quelle mesure il varie en fonction de l’âge des élèves et du contexte national. Enfin, nous nous interrogeons sur les liens qui peuvent être établis entre nos deux ensembles de données : dans quelle mesure les enseignants exploitent-ils les compétences et les difficultés interprétatives des élèves révélées par les questionnaires ? Et dans quelle mesure, en retour, les réponses des élèves aux questionnaires paraissent-elles influencées par des démarches que privilégient leurs enseignants ?