La lutte contre le décrochage à l’université recueille un large consensus auprès des différents acteurs politiques et universitaires. Quelles que soient les représentations du problème, la nécessité d’un changement des conditions d’accompagnement des étudiants est souvent rappelée, avec à l’appui le faible taux de réussite en fin de première année de licence et l’importance des abandons d’études. Or la manière de construire le référentiel, de se représenter le problème en fonction des croyances de base ainsi que des normes sanctionnant des conduites, ensuite de le présenter publiquement, mélange les situations d’abandon définitif des études, de réorientation et d’interruption provisoire des études. Dans ce cas, qui décroche vraiment à l’université ? Considérant que la publicisation d’un problème ne dépend en aucun cas de sa nature intrinsèque, mais des représentations portées par les acteurs, l’objet de l’article est double. Il retrace d’abord le travail cognitif et narratif de construction du problème dans sa dimension collective. Après avoir défini les critères de quantification du problème, il présente ensuite les résultats d’une enquête par questionnaire menée dans la région Aquitaine auprès des étudiants en général et des sortants sans diplôme en particulier. L’enquête donne lieu à deux résultats. Le premier relativise l’ampleur du problème. Le second souligne la nature processuelle du problème.