Divers phénomènes affectent les peuplements forestiers de notre pays. Certains sont d'origine climatique (sécheresse de 1976 et 1983, tornades dans le Massif Central en novembre 1982, dans les Vosges en juin 1984. . .) ; d'autres sembleraient le fruit d'activités anthropiques induisant des pollutions diffuses dues par exemple à des émissions de produits soufrés, phosphorés, fluorés ou azotés dans l'atmosphère. .. Quelles qu'en soient les causes, ces phénomènes affectent plus ou moins profondément l'état physiologique des arbres, déclenchant des faiblesses temporaires et favorisant l'augmentation des effectifs de populations d'insectes endémiques. Ils facilitent ainsi les attaques de champignons ou d'insectes, dont les Coléoptères Scolytidae qui tiennent une place fondamentale. Les Coléoptères appartenant à la famille des Scolytidae sont souvent qualifiés de Bostryches dans le monde forestier. Il s'agit là d'une erreur, les Bostrychidae constituant une famille distincte de Coléoptères dont la biologie diffère en plusieurs points de celle des Scolytidae. Le terme de Bostryches doit donc être écarté. Au plan systématique, la famille des Scolytidae se subdivise selon Balachowsky (1949) en deux sous-familles, dont celle des Ipinae qui inclut les espèces nuisibles à nos Conifères. Cette sous-famille contient elle-même deux tribus, celle des Hylesini où l'on place les genres Dendroctonus et Tomicus (= Blastophagus) et celle des Ipini qui rassemble, parmi bien d'autres, les diverses espèces d'Ips. Parmi les essences forestières d'importance en reboisements, l'Epicéa et le Pin sylvestre souffrent particulièrement de l'assaut des xylophages ; aussi proposons-nous de consacrer deux articles successifs aux Scolytes qui les attaquent. LES SCOLYTES RAVAGEURS DE L'ÉPICÉA Une soixantaine d'espèces de Scolytes sont des ravageurs potentiels des Conifères en France (Balachowsky, 1949 ; Chararas, 1962). Heureusement, nombre d'entre elles sont à distribution géographique localisée. Certaines espèces ne s'attaquent qu'à des arbres morts ou déjà envahis par d'autres Scolytes. D'autres, au contraire, s'installent sur des tiges vivantes, leur installation étant le plus souvent facilitée par une déficience hydrique temporaire de l'arbre. Ces tiges seront condamnées pour la plupart. En l'absence d'attaques, elles auraient survécu à cette faiblesse passagère. Ceci