Mécaniser l'écriture et photographier la parole :utopies, monde du bureau et histoires de genre et de techniques.Mechanizing writing and photographing the word:utopias, office work and histories of gender and technology. Delphine GardeyTo cite this version: This article deals with the history of the profession of shorthand typing and more generally, of the transformations which took place in offices from the end of the 19th century onwards, when the acceleration of writing production became a new economic imperative. A series of figures, projects, and practices are cited in order to analyze the conditions surrounding the emergence and the development of a profession as well as the reasons for, and consequences of its feminization in France. The joint development of a practice and a profession centered on the Remington typewriter and shorthand emerges as one outcome among other future or existing practices. Inventors, propagandists, manufacturers, amateurs, and professionals participated in this history, a history which shows how diverse the milieus involved in the mastery of specific techniques were, how relative the motives and criteria put forward to enhance and promote them were, and how different the meanings and values given to them could be.
RésuméCet article rend compte des travaux en sciences sociales qui se sont intéressés aux sciences et à leur rôle dans la construction des identités sexuées. Il poursuit trois objectifs : introduire à une réflexion sur ce qu’a été dans le passé le savoir sur la différence des sexes et sur ce qui constitue dans différents corpus de connaissances scientifiques le féminin et le masculin, les femmes et les hommes ; repousser au plus loin les frontières communément admises de la naturalité du corps féminin, interroger le « fait » ou le « donné » du sexe – d’autres diraient la matérialité et la discursivité du sexe ; insister sur les façons dont les sciences contemporaines se mêlent et s’emmêlent dans la construction des identités sexuées, en focalisant l’attention sur les travaux qui montrent comment les sciences et les techniques transforment littéralement les corps. Il n’est alors plus seulement question de fabrication des sexes et du genre, mais de redéfinition des frontières et des limites des corps. Au-delà de la contribution historienne à ces réflexions, l’article met en évidence l’affirmation d’un champ de recherche à l’intersection des études de genre et des études sociales des sciences et des techniques qui emprunte à des traditions disciplinaires et méthodologiques et définit de nouveaux objets et de nouvelles manières de faire les sciences sociales.
, il n'y a pas d'innocence de la nature, il n'y a pas d'Eden ou d'état de nature qui ne soit déjà et toujours une « natureculture » 2 ; symétriquement, il n'y a pas d'innocence de la biologie ou de toute autre pratique scientifique.L'idée majeure retravaillée à partir de traditions multiples est que « la réalité n'est pas indépendante des explorations que nous en faisons » 3 : elle n'existe pas comme extériorité. La « réalité » n'est connaissable que dans le commerce que nous entretenons avec elle, et ce commerce signale, déjà et toujours, une impureté tant dans la situation du sujet de la connaissance, attaché à (ou défini par) une multitude de liens physiques, sociaux et naturels que dans l'objet de la connaissance, relevant d'une hétérogénéité de même ordre.De cela il découle, comme chez Bruno Latour, une extension de la définition du social qui ne peut être restreint à la seule société des « hommes » (Latour, 1999 ;. Cela signifie que l'analyse des relations asymétriques que nouent les hommes entre eux et avec ceux qu'ils ont définis comme leurs étant autres (femmes, hommes de couleur, coloniaux) ne suffit pas. Le social est cette natureculture autrement complexe : il est la dimension contemporaine de notre présence au monde dans un environnement technoscientifique où les frontières entre le vivant et l'artefact ont toujours été incertaines ; il est donc, déjà et toujours, la dimension radicalement historique de nos façons d'être au monde et d'y évoluer suivant des modalités qui, pour certaines, dépassent le temps historique ou social. Ici intervient une sorte de conception « biosociale » de la présence au monde qui place de nouveau au centre la relationnalité (cette fois, entre espèces).
On parle communement de a bas de soie > au debut du siecle, pour evoquer les femmes employees dans les bureaux.(2) M. HALBWACHS, Esquisse d'une psychologie des classes sociales, Paris, Librairie Marcel Riviere, 1955, publie pour la premiere fois sous le titre ( Analyse des mobiles dominants qui orientent les individus dans la vie sociale >, Enquetes sociologiques de l'Universite Libre de Bruxelles, 1938.(3) Cf. egalement M. HALBWACHS, ( Les caracteristiques des classes moyennes >, Classes sociales et morphologie, Paris, Editions de Minuit, 1972.(4) M. CROZIER, L'ambigu'te de la conscience de classe chez les employes et les petits fonctionnaires >, Cahiers internationaux de sociologie, janvier-juin 1955, p. 78-97 ; M. CROZIER, Petits fonctionnaires au travail, compte rendu d'une enquete effectuee dans une grande administration publique parisienne,
CRÉATURE de science-fiction, le cyborg ("cybernetic organism"), être hybride, mixte d'artificialité et de nature, intermédiaire entre le vivant et la machine, acquiert à partir de la fin des années 1980 une notoriété nouvelle avec la parution du Manifeste Cyborg de Donna Haraway. Ce texte difficile, produit par une universitaire américaine dont les recherches croisent l'histoire et l'anthropologie des sciences, la théorie féministe et les culturel studies et s'exercent sur les sciences du vivant, la primatologie et les technosciences, est publié dans Socialist Review en 1985 1 . L'auteure propose une vision inédite de l'histoire des sociétés capitalistes occidentales et du rôle que les sujets/objets transformés par le développement des technologies informationnelles et des biotechnologies pourraient y jouer. Mars-avril 2009 208I SEROE ontologie; il définit notre politique. Le cyborg est une image condensée de l'imagination et de la réalité matérielle réunies, et cette union structure toute possibilité de transformation historique. Dans la tradition occidentale des sciences et de la politique -tradition de la domination masculine, raciste et capitaliste, tradition du progrès, tradition de l'appropriation de la nature comme ressource pour les productions de la culture, tradition de la reproduction de soi par le regard des autres -la relation entre organisme et machine fut une guerre de frontières 2 .Le statut iconoclaste du texte (entre science et fiction), sa liberté de ton, sa capacité à (pré)dire une époque, expliquent sans doute le succès considérable qu'il a rencontré -à peu près partout ailleurs qu'en France. Le Manifeste Cyborg est cité, traduit, copié, subverti. Écrit avant l'existence de la toile il devient un texte phare de la culture informatique et digitale, il compte comme une source d'inspiration principale pour des générations de théoriciennes et d'activistes féministes, pour des adeptes de la science-fiction, des artistes et plasticiennes, des cybernautes et autres hackers, mais aussi des auteurs et amateurs de manga*, un monde plus vaste -on pourra en convenir-que l'univers feutré de l'université de Santa-Cruz.Cette diversité des adeptes induit une grande diversité de récep-tion et de lectures. Je souhaiterais rendre compte du Manifeste Cyborg, comme il m'est apparu: une réflexion incontournable sur l'historicité des corps et sur les formes possibles tYencorporation, à la croisée de la théorie féministe et du champ des études sociales sur les sciences et les techniques -élément d'une oeuvre plus importante, et pourtant méconnue en France.Revenir sur ce texte ancien, c'est aussi interroger le caractère durablement intraduisible de certaines productions universitaires américaines en français et mettre au jour la réticence de nombre d'universitaires vis-à-vis d'une oeuvre qui -comme d'autres, aujourd'hui disponibles -introduisent le « trouble » dans les valeurs universelles de la République des sciences, en s'amusant à défaire les fictions modernes que sont le sujet, la nature, la science, la cultur...
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