Cet article cherche à problématiser une expérience sociale dans laquelle les deux auteurs sont impliqués : l’occupation d’un immeuble par près de 250 personnes exilées. Le protagoniste d’une telle expérience est l’« Amphi Z », un collectif hétérogène réunissant des personnes migrantes et leurs soutiens. Le nouage de deux luttes politiques – pour le droit au logement et pour les droits des exilés – est donc le substrat d’une telle expérience, au sein de laquelle s’élabore une forme inédite de vivre ensemble . Pour étayer la conflictualité vivifiante et la pluralité nécessaires pour faire de l’aventure de l’Amphi Z une institution en devenir, les uns et les autres doivent réinterroger sans cesse le sens de leur coexistence. Une telle interrogation est au cœur de cette démarche d’écriture : qu’est-ce qu’on fait là, qu’est-ce qui nous relie ?
Les auteurs s’interrogent sur certains des enjeux et des conséquences psychiques et sociopolitiques de la crise planétaire déterminée par la pandémie du covid -19. En prise directe avec l’actualité, il s’agit de saisir en quoi cette pandémie exacerbe des processus qui étaient déjà en cours dans les sociétés contemporaines, et que les auteurs proposent de nommer « évaporation de la responsabilité collective », et en quoi elle constitue un point de retournement. De la contrainte de distanciation sociale à la rhétorique de la guerre, assiste-t-on à l’accomplissement d’un désir inconscient et ancien d’immunisation des corps sociaux ? Comment continuer à faire communauté ? Les mesures « immunitaires » mettent en lumière la crise de la groupalité, et l’espace public apparaît déshabité par le « chœur » indispensable au travail d’appropriation subjective. Une telle puissance collective semble toutefois trouver, au sein même de sa mise en retrait, de nouvelles formes de re-territorialisation.
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