La Revue de l'OFCE est ouverte aux chercheurs et à tous les spécialistes en économie et en sociologie. La revue s'assure de la rigueur des propos qui sont tenus mais les jugements et opinions exprimés par les auteurs, y compris quant ils appartiennent à l'OFCE, n'engagent qu'eux-mêmes et non les institutions auxquels ils appartiennent.La crise économique et financière a remis au goût du jour les politiques budgétaires keynésiennes. Si celles-ci n'ont pas permis d'éviter une récession sévère en 2009, elles ont pu néanmoins stopper l'hémorragie de la dépression. Même si l'incertitude concernant la reprise est grande, l'heure est désormais dans la plupart des pays à la consolidation budgétaire.Plusieurs questions se posent alors. La première est celle de l'efficacité des politiques budgétaires que l'on évalue à partir de la mesure des multiplicateurs. Dans la première partie, nous passons en revue les différentes évaluations des multiplicateurs budgétaires. L'impact sur l'activité des politiques budgétaires diffèrent, d'une part, en fonction des instruments utilisés (dépenses publiques, baisse d'impôts…), des horizons de prévision, de la taille des pays et de leur structure productive et fiscale. Au-delà de la mesure des multiplicateurs keynésiens à court, moyen et long terme en fonction des différents instruments budgétaires, l'apport principal de cet article est d'introduire l'effet du cycle économique dans les chocs budgétaires. En intégrant dans notre modèle macroéconomique (emod.fr) une relation entre le taux chômage structurel et le taux de chômage effectif différente selon le cycle économique, l'impact de toute politique économique variera selon la position de l'économie dans le cycle. La dernière question qui découle des précédentes est donc : les politiques de consolidation budgétaire sont-elles adaptées à la situation conjoncturelle actuelle ? La réponse est non car les économies avancées se situent actuellement toutes en bas ce cycle. Dans ce contexte, les multiplicateurs budgétaires sont élevés et les effets récessifs des politiques d'austérité seront forts.Mots clés : Modèle macroéconomique. Cycle économique.Chômage structurel. Politique budgétaire, multiplicateur
1 Mathieu PlaneOFCE À la suite de la remise au Premier ministre du Rapport Gallois, le gouvernement a décidé, pour relancer la compétitivité et l'emploi en France, la création du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). Ouvert à toutes les entreprises, le CICE sera égal à 6 % de la masse salariale, hors cotisations patronales, correspondant aux salaires de moins de 2,5 SMIC. Représentant 20 milliards d'euros, son financement reposera pour moitié sur des économies supplémentaires sur les dépenses publiques, dont le détail n'a pas été précisé, et pour moitié sur des recettes fiscales : une réforme de la TVA à compter du 1er janvier 2014 et un renforcement de la fiscalité écologique.Le CICE diminuerait en moyenne de 2,6 % le coût du travail du secteur marchand : l'impact sectoriel le plus fort sur le coût du travail serait dans la construction (-3,0 %), l'industrie (-2,8 %) et les services marchands (-2,4 %). Le CICE représenterait 1,8 % de la valeur ajoutée des entreprises industrielles, 1,9 % de la valeur ajoutée de la construction et 1,3 % de celle des services marchands. Globalement, le CICE pèse pour 1,4 % dans la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand.Selon notre évaluation, réalisée à l'aide du modèle e-mod.fr, le CICE devrait permettre de créer, cinq ans après sa mise en place, environ 150 000 emplois faisant baisser le taux de chômage de 0,6 point et il générerait un gain de croissance de 0,1 point de PIB en 2018.
Avec la crise débutée en 2008, les facteurs de production ont connu en France une contraction sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. La crise se caractérise par sa longueur : sept ans après son commencement, les facteurs de production n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant-crise. Face à un tel choc, il s’agit de savoir si, au regard de la crise, les ajustements opérés sur les facteurs de production sont en lien avec les évolutions de l’activité et si la crise a entraîné des ruptures dans le comportement des entreprises. Pour répondre à cette question, nous estimons d’une part des équations de demandes de facteurs sur les périodes 1980-2007 et 1980-2014 et nous analysons et comparons les paramètres estimés sur ces deux périodes. D’autre part, nous réalisons des simulations dynamiques de l’emploi et de l’investissement que nous comparons aux évolutions observées de ces deux variables, afin d’établir si les déterminants traditionnels des équations permettent de comprendre les évolutions des facteurs de production depuis le début de la crise. Concernant la tendance de productivité, nous conduisons des tests de détection et de datation des ruptures de tendance de productivité, ainsi que des estimations récursives des paramètres. Les résultats des équations économétriques n’indiquent pas de rupture majeure au moment de la crise dans les déterminants fondamentaux de l’investissement et de l’emploi. Enfin, nous exposons les propriétés variantielles des deux équations de demande de facteurs, puis nous évaluons l’impact depuis 2011 des politiques de consolidation budgétaire dans la zone euro et de la dégradation du taux de marge des entreprises sur l’emploi salarié marchand et le stock de capital productif en France. Toutes choses égales par ailleurs, les politiques de consolidation budgétaire dans la zone euro seraient, selon nos évaluations, responsables en France de la destruction de 772 000 à 822 000 emplois salariés dans le secteur marchand et d’une chute de l’investissement des entreprises non-financières comprise entre 6,8 % et 7,6 %, soit une contraction de 1,6 % à 1,7 % du capital productif. La baisse du taux de marge depuis 2011 aurait conduit à réduire l’investissement des entreprises de 2,1 % à 2,5 %, ce qui correspond à une baisse du capital productif de 0,3-0,4 %.
Un grand nombre de travaux empiriques ont été réalisés pour tenter d'évaluer l'impact sur l'emploi des exonérations de cotisations sociales patronales sur les bas salaires (dispositif « Fillon »). Comme nous l'observerons dans la première partie de l'article consacrée à une brève revue de la littérature existante sur ce sujet, les modèles macro-économétriques standards ne sont jamais mobilisés dans les évaluations de cette mesure. Or ces modèles peuvent répondre à certaines limites des évaluations réalisées aujourd'hui. Nous consacrerons alors la deuxième partie de ce travail à la réalisation de simulation de ce type de mesure à l'aide du modèle macroéconomique de l'OFCE, emod.fr. Selon notre évaluation, cette mesure permet de créer 50 000 emplois la première année et environ 500 000 au bout de cinq ans. Notre chiffrage se situe dans la fourchette de ceux des études réalisées jusqu'à présent, compris entre 400 000 et 800 000 emplois. La mécanique du modèle macro-économétrique a l'avantage de décomposer les différents effets sur l'emploi d'une baisse de cotisations sociales patronales sur les bas salaires et conduit à relativiser le chiffrage initial de 500 000 emplois créés à terme. En effet, si la mesure est financée ex post, l'impact sur l'emploi du dispositif « Fillon » est réduit par rapport à l'évaluation initiale de 35 % à 50 % selon le mode de financement retenu. Et si cette politique ne se traduit pas par des gains de compétitivité sur l'extérieur, alors l'effet sur l'emploi est divisé par trois, voire par sept dans le cas le plus défavorable par rapport au chiffrage initial.
Le vieillissement de la population française va avoir des conséquences sur l'économie et en particulier sur l'évolution de la population active. Les générations nombreuses du baby boom vont quitter progressivement le marché du travail et ne pourront être remplacées que partiellement par les nouvelles générations. Ce décalage de taille des générations aura un impact sur le ratio de dépendance (inactifs/actifs) et donc sur la croissance potentielle par tête et sur l'équilibre des régimes de retraite. Un des moyens de combler ce déficit de main-d'oeuvre serait une remontée des taux d'activité, notamment aux âges extrêmes de la vie active. La suppression progressive des dispositifs de cessation anticipée d'activité permettrait une hausse du taux d'activité des plus âgés et le cumul emploi-formation une augmentation de celui des plus jeunes. D'après notre scénario central, la population active française (au sens du BIT) devrait croître à un rythme assez soutenu entre 2000 et 2010, grâce à une démographie encore assez dynamique, à la baisse du chômage et à la diminution du nombre de préretraités et dispensés de recherche d'emploi. De 2010 à 2016, le nombre d'actifs devrait être quasiment stable. De 2016 à 2035, les générations du baby-boom vont progressivement passer à des âges d'inactivité ou d'activité faible, ce qui devrait accélérer le rythme de décroissance de la population active. À partir de 2035, la baisse du nombre d'actifs devrait ralentir, tous les baby boomers ayant atteint l'âge de la retraite.
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