Les narrations de voyages dans l'au-delà, surtout les maritimes, ont eu beaucoup de diffusion à partir du X e siècle en Europe occidentale. Le rapport qui peut être établi, sur le plan de la culture, entre ce genre de narration et les grandes découvertes est déjà bien connu. Néanmoins, jusqu'à présent, l'historiographie portugaise n'a pas tenu compte du thème de façon systématique, à partir de l'étude des textes du genre, composés ou connus au Portugal, pendant la période entre le Moyen Âge et le début des grandes navigations. La narration la plus connue de ce groupe, la Navigatio Brendani, reportée d'innombrables fois à l'ambiance culturelle qui a poussé l'esprit aventurier des Européens vers la haute mer, a été en général liée aux événements mentionnés, sans qu'il soit connu d'étude abordant minutieusement les spécificités de ses versions portugaises. D'autres documents du corpus portugais de voyages maritimes dans l'audelà sont restés également dans l'ombre : les deux versions latines, dépendantes entre elles, de la Trezenzonii de solistitionis insula magna 2 et la version en portugais ancien de la Vida de Santo Amaro ou le Conto de Amaro 3 , composées au XIII e siècle, appartenant au monastère cistercien de Santa Maria de Alcobaça (ca. 1148-1152). Tradition légendaire et narration écrite. Dimensions temporelles et politique... Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre | BUCEMA, Hors-série n° 2 | 2008 verrons plus loin, quoique la proximité entre les deux branches de la tradition amarienne soit très grande, quelques différences significatives s'imposent, établissant un détachement de sens que nous croyons due au sensible changement de public et, par conséquent, des objectifs des publications, vu que les publications espagnoles sont, à l'exception de la plus ancienne mutilée, toutes imprimées. Considérant la forme du travail au scriptorium du monastère d'Alcobaça, où le premier manuscrit connu a vu le jour, on peut supposer que la tradition légendaire orale ou écrite soit venue d'un autre endroit 15. Malgré la légère divergence entre les auteurs, Alcobaça n'est pas généralement considéré comme un centre producteur original, mais celui où l'on copie des textes venus d'autres maisons cisterciennes, surtout françaises. À Alcobaça, il y a des traductions connues faites à partir de textes latin, français et espagnol. Néanmoins, le manque de références au saint navigateur de la Vida et à des Tradition légendaire et narration écrite. Dimensions temporelles et politique...