Cet article montre qu'en s'attachant - malgré la faiblesse des acquis dans ce champ de la recherche - à constituer la revue scientifique en « objet », le chercheur ne se contente pas de vérifier qu'elle n'est pas seulement un ensemble d'articles réunis dans un support périodique fondé sur un projet editorial, mais qu'elle est aussi un genre qui tire ses règles, ses codes, sa dynamique (...) de son appartenance à l'univers scientifique. Il démontre également que le détour par l'objet « revue » est pertinent pour comprendre le fonctionnement des disciplines dans leurs dimensions scientifiques, institutionnelles et humaines.
Vers un programme de recherches 1 En proposant d'analyser les télévisions dites « locales » à partir de leur inscription territoriale, ce texte incite autant à revisiter, sous un angle encore largement inédit, une thématique déjà ancienne, qu'à montrer l'intérêt d'une posture scientifique-au sens de position et de projet (Sorbets, 1993)-s'appuyant à la fois sur des travaux de courants de la géographie tournés vers le symbolique, les représentations, la phénoménologie, et sur une perspective ouvertement interdisciplinaire. Si nous partons de l'hypothèse que le concept de territoire tel qu'il est ainsi défini est heuristique pour saisir les rapports entre le lien et le lieu, il ne s'agit pas pour autant de proposer une théorie du territoire, comme il a pu exister une (vaine) théorie du local dans les années 1970 (Sfez, 1977), mais de faire fonctionner le concept comme révélateur critique (il fait « réfléchir sur » et reflète des pratiques, des discours...) de situations multidimensionnelles en mouvement. Nous sommes donc conscients de l'impossibilité de délimiter finement un concept qui, non seulement revêt des acceptions sinon différentes du moins décalées dans la plupart des disciplines, mais n'est sans doute que « typologique» (Passeron, 1991) dans la mesure où sa définition est toujours provisoire, labile, et incomplète. De surcroît ce concept subit les conséquences toujours néfastes d'un effet de mode. Car le territoire est désormais conceptuellement et métaphoriquement omniprésent dans les sciences humaines et sociales (SHS), ainsi que chez les politiques, les militants et les praticiens de toute nature (des aménageurs aux animateurs du développement local, en passant par les professionnels de la culture ou de la communication). Ce foisonnement est à la fois signe de HERMÈS 26-27\2000 265 Robert Boure, Alain Lefebvre vitalité, de montée en puissance d'une vulgate avec son cortège d'opinions et de croyances, et signe d'obscurcissement, la banalisation du terme ne contribuant guère à lever les ambiguïtés du concept... surtout dans un domaine où l'idéologique se mêle étroitement au savoir. S'il ne s'agit pas ici de s'ériger en arbitre des élégances scientifiques (le « territorialement correct » n'existe heureusement pas), ni en pourfendeur d'une notion gélatineuse récupérée par les politiques et les praticiens, il parait toutefois utile, après avoir rappelé les errances conceptuelles du territoire, de proposer une définition multiréférentielle prenant en compte des apports récents sinon incontestés, du moins largement utilisés par de nombreux spécialistes de l'analyse spatiale. Il sera temps, dans une deuxième partie, de se poser quelques questions vives susceptibles de s'intégrer dans un programme de recherches. La longue marche du territoire Après avoir fait florès au XVII e siècle où il désignait une segmentation « forte » de l'espace, le terme « territoire » et sa « définition théorique » (le concept), ne sont guère utilisés jusqu'à la fin du XX e. De façon significative, dans les années 1970, de nombreux ch...
À quoi peut donc bien servir l'histoire des sciences de l'information et de la communication ? C'est à cette question que cette chronique tente de répondre à travers deux chapitres publiés dans deux numéros successifs de Questions de communication.C e premier chapitre, consacré aux histoires disciplinaires, aborde tour à tour les histoires construites « spontanément » par les chercheurs eux-mêmes, et l'histoire officielle, lisible notamment à travers les prises de position des instances légitimes de cette discipline. Mots clés.-Histoire des sciences humaines et sociales, sciences de l'information et de la communication, institutionnalisation, histoires spontanées, histoire officielle.
Comme d'autres termes qui font désormais partie du vocabulaire courant des SHS, celui d'« évaluation » est tiraillé entre des signiications situées à des niveaux différents. En effet, il désigne à la fois une notion travaillée par les SHS et la philosophie, des pratiques sociales et des dispositifs. En outre, comme pour tous les mots affectés par la banalisation de leurs usages scientiiques et pratiques, chaque niveau de signiication demande à être contextualisé dans l'espace, le temps et les différents champs concernés par ces usages. En fait, le terme a une étrange destinée. Alors qu'il est présent dans les anciens dictionnaires de la langue française (Dictionnaire universel de Furetière, Robert historique de la langue française…) où il renvoie à l'estimation de la valeur d'un objet au sens soit de mesure (d'un prix, d'une quantité, d'une distance), soit de jugement de valeur, il est longtemps largement ignoré par la plupart des dictionnaires de SHS 02 , preuve supplémentaire de l'historicité des 01. Professeur de Sciences de l'information et de la communication, chercheur au LERASS, équipe Médiapolis, Université de Toulouse. Cet article s'appuie moins sur des travaux scientifiques publiés, encore peu nombreux, que sur des débats (notamment ceux organisés à l'EHESS en 2008-2010) et prises de position mis en ligne ou pointés avec un lien sur des sites comme Sauvons l'université, Sauvons la recherche, Évaluation de la recherche en SHS. Il s'agit majoritairement de textes : 1) critiques, pour ne pas dire hostiles ; 2) rédigés plus par des chercheurs que par des enseignants-chercheurs, de sorte que l'enseignement est peu abordé ; 3) publiés avant que l'AERES atteigne sa vitesse de croisière. Il s'appuie aussi sur des documents produits par l'AERES ainsi que sur des observations personnelles liées aux expertises réalisées pour le compte de l'AERES (comités de visite, rédaction de rapports, participation à des réunions de statut divers…) et aux situations d'évalué par cette instance (co-responsable d'une équipe dans une EA et responsable de deux diplômes). 02. On notera cependant que dans quelques disciplines, la notion a été rapidement construite comme un enjeu scientifique et pratique, une des plus emblématiques étant les sciences de l'éducation où son usage se répand dès leur reconnaissance officielle, dans les années 1970. Pour sa part, la philosophie a intégré depuis longtemps le terme à son vocabulaire, et notamment au niveau de la morale (elle renvoie aux jugements de valeur) et de l'épistémologie générale où elle est une procédure destinée à déterminer la valeur épistémique d'une théorie, autrement dit sa capacité à produire des connaissances, ou à comparer la valeur épistémique de plusieurs théories. DOSSIER 43 DOSSIER De l'évaluation collégiale à l'évaluation… DOSSIER De l'évaluation collégiale à l'évaluation… Résumé : Alors que l'évaluation comme pratique et principe est une constante de la vie académique, de nombreux enseignants-chercheurs et chercheurs accueillent avec méiance celle qui leur est aujourd'...
La responsabilité collective dans la presse L'histoire des sciences de l'information et de la communication (3) Postures, concepts et méthodes en débat History of Information and Communication Sciences (3). Postures, Concepts and Methods in Debate
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