Les notions de « médiation » et « usage » sont souvent employées dans les recherches en sciences de l'information et de la communication en France. L'objectif principal de cet article est de réflechir sur ces deux notions, àfin de faire apparaître, derrière leur « naturelle » évidence, des problèmes, ressources et risques. L'idée de médiation trouve son existence dans les sciences anthroposociales et fournit des outils pour décrire avec une certaine précision les processus d'information-communication ; elle permet de requalifier socialement les dynamiques et régimes de la culture ; elle conduit le chercheur à interroger sa propre place dans la circulation sociale des savoirs. L'idée d'usage entretient un lien historique avec les études de réception des médias réalisées dans la sociologie « administrative » américaine et évoque la fonctionnalité, même si l'on s'emploie à ne pas le réduire à la technique. La (les) médiation(s) et l'usage/ use ne se distinguent pas tant par les objets qu'ils considèrent, que par l'effet de perspective qu'ils produisent et la façon très différente dont elles envisagent la place de la communication dans les pratiques informationnelles. On peut donc dire que, dans une perspective communicationnelle, les notions de médiation, de pratique et d'usage travaillent ensemble. Ce qui ne va pas, toutefois, sans tensions et paradoxes.] Mots-clés usage; médiation; traces d'écriture; information; communication
Laboratoire communication et politique, CNRS INTRODUCTION Une discipline et l'université françaiseCe numéro d'Hermès est centré sur une discipline. Il s'attache à un exemple particulier, celui des Sciences de l'information et de la communication (couramment nommées Sic, sigle retenu ici, ou Infocom) discipline universitaire française créée en 1974. La démarche qu'on a été amené à suivre pour atteindre le résultat que voici a reposé sur un questionnement triple. Que sait-on des disciplines ? Que peut-on dire d'elles? Comment parler d'une discipline particulière? Sur ces trois points, cette introduction voudrait éclairer sa genèse et son projet, en expliquant les choix éditoriaux qui ont été faits. Que sait-on des disciplines ?D'abord, ce qu'elles disent sur elles-mêmes. Qu'elles existent, comme l'aurait dit Alexandre Vialatte, depuis la plus haute Antiquité. Qu'hors d'elles il n'est point de savoir. Qu'elles fondent l'université et qu 'elles HERMÈS 38, 2004 13 Elles évoquent plus rarement leur parentèle, les conditions de leur engendrement, ce qui les distingue de leurs ancêtres, les conditions de leur développement, de leur progressive autonomisation et de leur maîtrise dans un champ qu'elles vont travailler à leur manière : ce qu'on nomme leur champ disciplinaire. Enfin, on tait presque toujours leur date de décès, comme celle des disciplines qui les ont précédées (La dissertation en latin a certes vécu mais la philologie comparée existe-t-elle encore? Et le matérialisme historique de l'ancienne URSS?).Les disciplines ont plus ou moins un objet. Entendons par là que celui-ci se définit plus ou moins aisément et que, même pour les plus assurées, il n'est jamais certain qu'il ne se dérobe pas. Dans la mesure où la démographie traite des variations de population, elle a un objet saisissable, comme la gastroentérologie ou l'astrophysique (au moins pour le non-spécialiste). L'objet de la sociologie est déjà moins facile à circonscrire. Il peut être partout. Celui de la linguistique ne l'est pas du tout pour le non linguiste, puisqu'il repose sur une catégorie produite par les linguistes qui ont inventé deux catégories, langue et parole, et décidé de traiter de ce que recouvre pour eux la première. Quant à la philosophie, son objet est le plus in(dé)fini.Mais l'existence d'un objet n'est pas pour une discipline une question purement empirique. Elle conditionne son identification, sa reprise, son élaboration par un collectif social. C'est pourquoi il ne suffit pas d'identifier un objet intéressant pour faire science. Les objets existants ont le poids de l'investissement (de la croyance) dont ils font l'objet, qui leur donne une forme de pérennité.Il arrive ainsi souvent que ce n'est pas l'objet trivial, réel, qui définit la discipline (l'homme est objet d'étude pour la philosophie et la médecine entre autres), mais que la discipline apporte à l'étude de l'objet trivial ce qui fait son caractère propre de discipline, en le construisant d'une certaine manière. Ainsi pour l'homme, qui sera saisi comme être pensant ou...
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