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Engagements en mouvance. L'action sociale et politique de catholiques à Sochaux-Montbéliard (années 1950 -années 1990)Nicolas Hatzfeld maître de conférences en histoire contemporaine, Centre Pierre Naville, Université d'Évry. Chercheur associé à l'IDHE.Constituant, à titre privilégié, des corps intermédiaires de la démocratie contemporaine, les syndicats et associations suscitent à juste titre des analyses sur leurs orientations stratégiques, leur composition et leur fonctionnement, la pertinence de leur caractère représentatif ou encore leurs rapports avec les pouvoirs. De tels points de vue, nécessaires, pourraient toutefois susciter une représentation limitative voire cloisonnée de ces institutions et de leur action. Aussi cette communication propose un point de vue décalé, centré sur des personnes agissant en réseau. Elle vise ainsi à offrir une image plus nuancée et plus flexible de cette action, action sociale et -on le verra, presque indissociablement -politique. Il s'agit ici de voir comment les acteurs sociaux appréhendent les institutions et les mettent en oeuvre, parfois de façon sélective et exclusive et parfois de façon combinée. Par ailleurs, le passage de certains modes d'action à d'autres, illustré par la sinuosité de trajectoires militantes, peut traduire des changements d'époque ou des phénomènes de génération dépassant la dimension strictement individuelle. S'il est question ici de suivre des personnes, il ne s'agit donc pas de les considérer comme de purs individus, mais comme des personnes en réseau, ou en mouvance.Le choix de s'attacher à une mouvance catholique dans le Pays de Montbéliard ne tombe pas sous le sens. Celui-ci est, a priori, connu comme fief protestant depuis l'époque moderne et conserve une forte présence protestante durant la seconde partie du XXe siècle. Par ailleurs, en liaison avec l'énorme développement de l'industrie mécanique et notamment de Peugeot 1 , le parti communiste s'est fortement développé et exerce son hégémonie sur la CGT et quelques associations en même temps qu'il dirige, en cette période, une partie importante des municipalités de l'agglomération montbéliardaise. Pourtant les rencontres de responsables ou militants syndicaux, associatifs ou politiques d'obédience catholique, effectuées au fil de recherches antérieures sur l'histoire sociale et industrielle comme au cours d'expériences militantes anciennes, invitent à étudier cette mouvance engagée dans l'action locale avec un poids considérable, bien que parfois discret.Cette communication, centrée spécifiquement sur l'Action catholique à Sochaux-Montbéliard, s'appuie principalement sur une série d'entretiens avec une douzaine de ces catholiques engagés 2 , à quoi s'ajoutent des documents d'archives privées. À partir de ces sources principalement orales, elle esquisse, à travers le filtre des représentations ultérieures, une histoire sociale de l'engagement. Le terme est celui dans lequel se reconnaissent ces personnes passées par une organisation de l'action catholique. Il s'agira donc, dans un premier ...

Les associations de solidarité, qui avaient fait de leur participation à l’observation sociale une revendication majeure, sont présentes désormais à l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Mais le dispositif institutionnel tend à réduire la portée de cette « conquête ». Le statut sous lequel elles siègent (« personnalités qualifiées ») ainsi que les procédures de recrutement tendent à sérialiser le groupe associatif, à saper la représentativité de ses membres. D’autres phénomènes comme le lieu et le rythme des réunions accentuent l’asymétrie entre ce qui peine à être un « collège » associatif et les représentants des grands organismes de la statistique d’État. De fait, c’est un loyalisme critique qui domine chez les membres associatifs qui n’ont pas fait défection. La critique de l’institution et des savoirs qu’elle produit est le fait de groupes extérieurs. Si bien qu’on peut se demander si la participation à l’Observatoire ne produit pas une conversion institutionnelle de la contestation associative et ne développe pas une forme d’assentiment à la science institutionnelle.

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