comparée (CICC) et au Centre d'études et de recherches internationales (CÉRIUM). « Du côté francophone, c'est Surveiller et punir qui a donc fait charnière. Michel Foucault était ici à l'époque, à Montréal, où il avait quelques amis. Il avait la paix pour écrire ce livre. Nous nous sommes rencontrés, nous sommes sortis deux ou trois fois, une fois avec ma femme, je pense, et une fois seuls, manger ici dans le quartier, bavardant. Et comme je suis un bavard incorrigible, je parlais un peu plus que lui. Je commentais ce qu'il écrivait et je faisais un tour d'horizon de la discipline. Après la deuxième ou troisième sortie, très gentiment, il a dit : "Écoutez, j'éprouve beaucoup de plaisir à vous écouter, à échanger avec vous, mais si vous permettez, on en restera là. Je suis ici pour terminer un livre. Mon temps est extrêmement limité et, surtout, je veux prouver une thèse". Il m'a dit ça littéralement. "Et à vous écouter je ne terminerai jamais parce qu'il y a ceci, il y a cela, il y a autre chose ; moi, je n'ai pas le temps de courir tous ces lièvres, je n'ai pas le temps de vérifier tout cela". Et je n'oublierai jamais ses derniers mots : "Je veux rester dans un état d'ignorance créatrice. Et avec vous dans les environs, je vois que ce n'est pas possible". Je ne l'ai plus revu. Vous voyez, cela vous montre un peu les deux approches, les deux perspectives, deux attitudes face au monde. […] Après il y a eu le schisme, le tremblement de terre des "nouvelles" criminologies inspirées par Michel Foucault 2 ». 1. L'auteur tient à remercier les évaluateurs de la revue Cultures & Conflits ainsi que Frédéric Ocqueteau et Jean Bérard pour leurs précieux commentaires sur une version antérieure du présent article. 2 .