La question de l’évaluation des réseaux de santé a été documentée par des travaux qui étudient les effets de la coordination principalement auprès des professionnels de santé. Cet article propose de se placer du point de vue des malades, en se demandant dans quelle mesure les réseaux de santé contribuent à la mutation de la relation thérapeutique vers un modèle « partenarial et équilibré » (Routelous, 2005) incarné par la figure de l’usager. Pour ce faire, nous nous intéressons au cas des réseaux de santé en cancérologie et nous adoptons une démarche qualitative, mobilisant des entretiens semi-directifs (54) auprès de membres professionnels de réseaux de santé, de malades atteints de cancer et de proches de malades. En nous appuyant sur l’approche en termes de « rapports sociaux d’usage » proposée par M. Chauvière, nous montrons que l’usager n’est pas une catégorie administrative neutre. La relation d’usage est fondée sur un échange : le réseau contribue à l’autonomisation de l’usager en lui octroyant des ressources notamment informationnelles et, en retour, l’usager est une source de légitimation pour le réseau lorsque ce dernier s’exprime au nom du bien-être de l’usager. L’ambigüité de la référence à l’usager est finalement mise en évidence, entre source d’émancipation d’une part et contrôle social à travers la norme de participation de l’usager d’autre part.