“…Malgré l'intérêt porté par les chercheurs sur les transformations des formes de reconnaissance de l'ethnicité dans l'espace scolaire (Santelli, 2016 ;Felouzis et Fouquet-Chauprade, 2015 ;Payet, 2001 ;Mottet et Bolzman, 2009 ;Ogay et al, 2008 ;Lorcerie, 2011), ainsi que sur la promotion de dispositifs visant l'intégration des descendants d'immigrés (Rastoldo et al, 2013 ;Dat et Spanghero-Gaillard, 2009), le travail d'institutionnalisation de dispositifs de gestion du pluralisme culturel réalisé par des experts et des responsables politiques (Sayad, 2014 ;Van Zanten, 2010 ;Ben Ayed, 2009) demeure peu documenté. Cet article s'inscrit dans ce projet en montrant combien la « montée des dispositifs » (Barrère, 2013) de reconnaissance et de gestion du pluralisme culturel à l'école est portée par les actions d'acteurs engagés simultanément dans des réseaux locaux, nationaux, mais aussi supranationaux, comme nous l'apprend de manière suggestive les recherches impulsées par le « transnationalism turn » (Kaluszynski et Payre, 2013), par-delà les déterminations multipolaires et parfois contradictoires qui les caractérisent souvent. Nous verrons que l'inscription d'experts et de politiques au sein d'organisations européennes et internationales (Conseil de l'Europe, OCDE) rend effective l'existence d'une « nébuleuse réformatrice » (Topalov, 1999) investie dans la constitution et le traitement du problème des descendants d'immigrés à l'école.…”