Le verbe breton, connu pour la variation de ses conjugaisons au gré de son insertion dans les structures syntaxiques et les rapports interlocutifs, présente des faits de concordance des temps munis d’une double originalité. D’une part, le breton possède deux temps simples, le potentiel et l’irréel, utilisables dans les phrases simples comme dans les phrases complexes en indépendante et en subordonnée, avec des valeurs correspondant à celles du subjonctif et du conditionnel romans ; d’autre part, le temps/mode du verbe subordonné, bien que généralement régi par le sens du verbe de la principale, connaît un mécanisme de fluctuation modale lié à la présence de modalités complémentaires telles que la négation et l’impératif. Le présent article met en évidence l’existence en concurrence d’une concordance modale au présent et d’une concordance temporelle au passé, laquelle tend en breton actuel à s’enrichir à son tour de la concordance modale sous l’effet des possibilités offertes par le système temporel.