Dans cet article, nous proposons l’étude d’une zone peu explorée par la recherche, à savoir les entretiens individuels entre les enseignant-e-s et les familles, analysés comme une facette constitutive du travail enseignant. Nous étudions le cas d’une école maternelle à Fribourg, Suisse, caractérisée par la diversité culturelle des familles. À partir d’une approche qui met en contraste les prescriptions sur l’entretien, les objectifs et contenus déclarés par les enseignantes et le travail réellement effectué, nous décrirons les dynamiques organisationnelles ainsi que les savoirs mobilisés par les enseignantes durant les entretiens auprès des familles. Les résultats d’analyse issus d’une collecte de données de type ethnographique permettent la mise au jour d’une hypothèse a posteriori : la nature de ces savoirs semble composite; ils sont affirmés et relativisés dans l’action, en se présentant comme un système articulé par des savoirs centraux (moins négociables, plus fortement ancrés), des savoirs périphériques (plus négociables, moins fortement ancrés) et des savoirs transversaux (partagés par les enseignantes et les familles). L’interaction entre ces savoirs permettrait l’actualisation, la mutation et la circulation des différentes catégories repérées.At the crossroad between research on the teacher’s profession and the family-school relationship, this article proposes to study a blind spot of research: parent-teacher interviews, which we understand as a significant part of the teacher’s work. In a culturally diverse neighborhood in Fribourg, Switzerland, parent-teacher interviews were observed and recorded at the local kindergarten. By contrasting the prescriptions, objectives and contents of parent-teacher interviews–as formulated by the teachers–with their actual performance, we describe the organizational dynamics as well as the knowledge that has been used by the teachers during the family interview. An a posteriori hypothesis emerges out of the ethnographical approach and the qualitative analyses: the teachers’ knowledge is composite, claimed and put into perspective while in action. It appears as a system made of centralized knowledge (less negotiable, more deeply rooted), peripheral knowledge (more negotiable, less deeply rooted) and transversal knowledge (shared by teachers and parents). The interaction between these pieces of knowledge would allow, in our view, for these categories to be updated, transformed and circulated.Este artículo propone el estudio de una zona poco explorada por la investigación, a saber, las entrevistas individuales entre los maestros y las familias, analizados como una faceta constitutiva del trabajo docente. Estudiamos el caso de una institución preescolar en Friburgo, Suiza, caracterizada por la diversidad cultural de las familias. A partir de un enfoque que contrasta las prescripciones sobre la entrevista, los objetivos y los contenidos declarados por los maestros y el trabajo realmente efectuado, nos interesamos por la descripción de las dinámicas organizacionales y los sab...