Lucie Bargel, « La résistible ascension des femmes à la direction du Mouvement des Jeunes Socialistes », Genèses, n°67 (dossier « femmes d'élection »), 2007, pp. 45-65. LA RESISTIBLE ASCENSION DES FEMMES A LA DIRECTION DU MOUVEMENT DES JEUNES SOCIALISTES * Un premier regard sur le Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) de 2003 révèle des instances de direction nationales, élues par les adhérents, non seulement paritaires, mais plus féminisées encore que ne l'exige l'égalité numérique entre les sexes, inscrite dans ses statuts depuis 2001. Une présidente a été élue en décembre 2001. Deux femmes occupent pour le MJS les vice-présidences des organisations internationale et européenne des jeunes socialistes. Le Secrétariat National, organe exécutif « chargé de mettre en oeuvre au quotidien l'action du MJS » 1 , désigné par le Bureau National (BN) en son sein et initialement paritaire, compte en juin 2003 dix femmes pour sept hommes ; elles en occupent les postes les plus importants 2 . Cette féminisation des instances de direction nationale du MJS est singulière à plusieurs égards. D'abord, la présence de femmes à des postes de direction dans des structures partisanes est rare. Les partis politiques restent, en effet, la filière d'accès au métier politique la moins favorable aux femmes (Paoletti 2005), même après l'adoption de la loi sur la parité. Comme le Parti Socialiste (PS), son organisation de jeunesse n'est alors pas coutumière d'une telle féminisation. L'adoption de la parité pour les instances collectives de direction du MJS intervient deux ans après l'inscription de cette mesure dans la Constitution par le gouvernement socialiste. En pratique, la parité était loin d'être atteinte au Bureau National : en 1993, il comprenait 7 femmes et 27 hommes ; en 1997, 12 femmes et 23 hommes. La présidente élue en 2001 est la première femme à occuper cette fonction. Or, ces postes de direction nationale correspondent à une position prometteuse dans la filière partisane de recrutement du personnel politique. Il est, dès lors, a priori surprenant que, parmi les jeunes militants socialistes, l'organisation de jeunesse la plus susceptible de fournir des ressources partisanes à ses dirigeants soit également la plus féminisée. A titre de comparaison, le syndicat étudiant Unef 3 , pourtant moins directement lié au Parti Socialiste, ne compte en 2006 que 32% de femmes pour 68 % d'hommes parmi ses dirigeants nationaux (Bargel et Yon 2006). Enfin, il est tout aussi surprenant que cette féminisation ne concerne pas les instances uninominales de direction fédérale 4 et soit circonscrite aux fonctions les plus élevées dans l'organigramme du MJS.