S'il est un mot, un concept qui fait couler beaucoup d'encre dans le monde scientifique occidental, en particulier depuis les années 1980 (Catton et Dunlap, 1980 ; Kalaora et Vlassopoulos, 2013), c'est bien celui de « nature », volontiers en débat avec celui d'« environnement » (Picon, 1998 ;. L'histoire de la nature, ou plutôt devrait-on dire les histoires des natures, sont diverses culturellement, socialement, mais aussi économiquement et politiquement. Philippe Descola (2005) a clairement affirmé le caractère construit et historiquement daté de la notion de nature en tant que rapport spécifique aux éléments vivants et non vivants, en distinguant des ontologies particulières selon les aires géographiques et culturelles. Il a en particulier souligné le caractère relatif du mot -non présent dans toutes les langues -et de son sens occidental « naturaliste », qui avait tendance à se poser comme une définition et une vision universelles, alors que d'autres modes de penser proposent une toute autre relation aux « autres » (Kohn, 2020). Mais il n'est pas ici question de refaire le débat ou l'histoire autour des controverses liées au concept de « nature ». Il s'agit plutôt, pour ce numéro anniversaire de la revue Développement durable & territoires, de rappeler les façons dont la nature est appréhendée et mobilisée dans les travaux qui y ont été publiés et de pointer d'éventuelles bifurcations dans les façons d'envisager la nature et les interactions, au sein d'un monde fini (Drique et Lejeune, 2017).