“…Malgré les difficultés indiscutables que connait la recherche en sciences sociales en Europe, les situations de collaboration scientifique avec les pays des continents africain, asiatique ou latino-américain sont en effet très souvent favorables aux Européen•ne•s, par les conditions matérielles comme par la hiérarchie symbolique, au détriment de leurs collègues locaux, dont certain•e•s sont envisagé•e•s plus comme des assistant•e•s de recherche, ou des témoins experts précieux pour la collecte de données, que comme des pairs capables de productions théoriques en propre et avec lesquel•le•s entretenir une relation horizontale (Direnberger & Onibon-Doubogan, 2022). À ce titre, Syed Farid Alatas (2003) parle d'une « dépendance académique et intellectuelle », voire d'un « néo-colonialisme académique », soit une relation tributaire entre le développement des sciences sociales « du Sud » et le « développement des sciences sociales au sein des puissances intellectuelles, politiques et économiques du Nord », où l'expertise des chercheurs des « Suds » est souvent disqualifiée, considérée comme un savoir-faire technique plus qu'une compétence théorique (Direnberger & Onibon-Boubogan, op.…”