Il existe deux méthodes pour évaluer le coût de l'érosion de la biodiversité : calculer la valeur monétaire de cette érosion ou calculer le coût du maintien des potentialités écologiques pour compenser cette érosion. Les auteurs proposent dans cet article d'évaluer les forces et les faiblesses de ces deux approches, en soulignant comment et pourquoi la seconde semble bénéficier aujourd'hui d'un intérêt grandissant dans la réglementation. L'analyse qu'ils proposent permet aussi d'insister sur la nécessité de prendre du recul par rapport à la tendance croissante à assimiler les processus biologiques aux services écologiques, puis ces derniers aux services économiques, finalement objets de politiques publiques. Cet article fait suite aux questions posées par Jean-Michel Salles (NSS, 18, 4 [2010]) sur la signification de l'évaluation économique de la biodiversité et des services écosystémiques. Il est à rapprocher de celui de Philippe Méral publié dans ce même numéro.
La RédactionRésumé -La question des coûts de l'érosion des services écologiques est un sujet très important, comme l'a souligné le programme TEEB (The Economics of Ecosystems and Biodiversity), qui a proposé une évaluation des coûts de l'inaction politique dans le domaine de la conservation de la biodiversité. Dans la même veine, le rapport du Centre d'analyse stratégique, intitulé Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes, s'est intéressé à la question de la valeur des services écosystémiques et a proposé quelques éléments qui permettraient d'évaluer le coût de leur érosion. Il existe cependant une certaine confusion autour de cette notion de coût. Ainsi, dans le cas du TEEB, l'évaluation proposée des coûts traduit en termes monétaires la perte de bénéfices potentiels que les services écologiques perdus auraient pu délivrer à l'horizon 2050. Mais une autre manière d'évaluer ces coûts aurait pu être d'estimer les investissements à réaliser pour maintenir les capacités écologiques des écosystèmes à délivrer ces services. En approfondissant ce point, le présent article permet de souligner les différences entre les implications opérationnelles de ces deux approches, mais aussi leurs connexions avec des processus décisionnels précis. Une de nos conclusions est que l'approche économique de la biodiversité a tendance à se focaliser systématiquement sur la question de la valeur monétaire des services écologiques, alors que l'évaluation des coûts de maintien des potentialités écologiques dont dispose la biodiversité pour délivrer des services écosystémiques semble être aujourd'hui privilégiée dans les textes réglementaires.Abstract -Opportunity cost vs maintenance cost of ecological potential: two economic indicators for measuring the cost of biodiversity decrease. The cost of ecosystem services degradation is a major topic as underlined by the TEEB program (The Economics of Ecosystems and Biodiversity), which proposed an assessment of the costs of policy inaction in the field of biodiversity conservation. In the same vein, th...
International audienceThere are two ways of assessing the costs of environmental degradation: as the costs associated with the loss of benefits resulting from the degradation of natural capital, and as the maintenance costs required to compensate for the actual or potential degradation of natural capital. The first of these methods is based on the Total Economic Value (TEV) of benefits forgone because of the depletion of ecosystem services delivered by marine biodiversity. The second method is based on the costs required to maintain a good state of marine biodiversity, one which makes it possible to deliver ecosystem services.This paper gives an illustration of this second approach. It details how these maintenance costs have been calculated in the initial assessment of the Marine Strategy Framework Directive (MSFD) in France. It addresses nine problem areas – corresponding to nine sources of environmental degradation – from non-native invasive species to oil spills. It gives a total figure for these degradation costs (around 2 billion Euros). The results are compared with those of other Member States who have taken similar approaches in the context of the MSFD. One key conclusion is that it is not really possible to make meaningful comparisons at this stage, since the methods of data collection and the nature of the costs are very different. The need to develop such assessments in a standardised way is noted
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