Les couronnes périurbaines des grandes métropoles sont le plus souvent décrites comme des espaces où mobilités résidentielles et navettes domicile-travail mettent en jeu des échanges de longue portée avec la ville centre. En nous appuyant à la fois sur des données censitaires restituant l’évolution sur plusieurs décennies et sur des enquêtes auprès de ménages périurbains, nous avons pu repérer une inflexion des comportements de mobilité en grande couronne francilienne. Au-delà de la diversification sociale et générationnelle des périurbains, quelques grandes figures se dégagent, qui mettent en évidence une volonté d’ancrage dans les communes de résidence et de recentrage des mobilités sur des territoires de proximité.
L’évolution des distances des navettes, comme celle des mobilités résidentielles des périurbains, témoigne de changements de comportements en faveur des bourgs et petites villes, noyaux secondaires du système métropolitain. Si ces changements correspondent parfois à des situations de contrainte, voire de captivité, ils évoluent souvent, dans l’Ouest francilien, vers des situations d’ancrage local permises par la densification de l’offre de commerces et de services et par le desserrement des emplois. La diversité des systèmes de mobilité accompagne des recompositions territoriales en faveur de la proximité et de l’intensité urbaine.
Après un retour sur des écrits de géographie économique et de sociologie du travail qui ont traditionnellement analysé la place des migrants comme travailleurs de l’activité agricole, l’article envisage la bibliographie issue des recherches sur la mobilité pour questionner le rôle de l’agriculture comme ressource au cœur du projet migratoire des populations observées. Ce changement de perspective soulève de nouveaux enjeux et appelle une nécessaire réflexion sur la façon de rendre compte et de qualifier les formes d’agricultures investies, voire créées, par les migrants, lesquelles témoignent de la variété et de la complexité de la relation entre agriculture et migrations. Dans une perspective de géographie sociale, nous proposons enfin de reformuler des questions de recherche construites initialement en dehors du champ des recherches sur l’ancrage et les migrations mais qui reprennent des objets identifiés dans les débats sur les liens entre agriculture et vulnérabilités.
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