Quoique les principes généraux de la politique de prévention des risques d’inondations en France paraissent faire l’objet d’un large consensus, la performance des dispositifs mis en œuvre est souvent décevante. Nous formulons l’hypothèse que cette inefficacité opérationnelle s’explique en partie par l’existence, au sein d’une politique de prévention des risques d’inondations apparemment robuste et incontestée, d’espaces irréductibles de controverses conceptuelles refoulées. Tout discours innovant doit s’accompagner d’une expertise assez solide pour légitimer sa compatibilité avec la doctrine existante, tout en donnant des gages de compatibilité technique avec elle. L’analyse du cas de l’hydrogéomorphologie montre le succès d’une stratégie pour incorporer une expertise technique naturaliste dans un corps de doctrine solidement ancré dans une culture épistémique d’ingénierie, mais au prix d’une inhibition de potentiels développements théoriques qui auraient pu, par effet de dialectique, faire progresser la théorie de la prévention des risques naturels en France. Paradoxalement, les conditions favorables à l’émergence de l’hydrogéomorphologie ne sont plus réunies malgré l’intensification des réflexions liées à la mise en œuvre de la directive européenne 2007/60/CE sur l’évaluation et la gestion des risques d’inondations.
Depuis plus de trente ans, des simulations sont organisées pour former les négociateurs aux subtilités des relations internationales. Bien conçues, elles permettent aux joueurs de faire l’apprentissage des mécanismes de la négociation, d’acquérir des expériences fictives de référence et de s’exercer à la mobilisation de ces compétences complexes, dans des situations réalistes. Le rôle pédagogique joué par les émotions dans l’engagement des joueurs dans la simulation est bien connu : apprentissage efficace et mémorisation à long terme des compétences acquises. Toutefois, ces analyses confrontant l’évaluation des joueurs avant et après le jeu ne rendent pas compte de ce qui se passe pendant le jeu, et ce faisant, ne nous éclairent pas sur ce que les joueurs apprennent du déroulement de la simulation elle-même. La plupart des participants à ces simulations, expriment d’ailleurs leur frustration face à ce qu’il reste du jeu quand le jeu cesse. Nous tentons dans le présent article de rendre compte de cette « matière noire » de la simulation qui échappe aux observations ante post d’une simulation. Après avoir montré que COP-RW fut plutôt une simulation qu’un jeu pédagogique, nous analysons comment le jeu a malgré tout traversé et débordé la simulation, et comment sa fidélité à la réalité a créé un « espace de liminalité » ouvrant pour la plupart des joueurs des perspectives sur les enjeux de la négociation sur le changement climatique et sur eux-mêmes. Nous montrerons que ces joueurs ont vécu COP-RW comme un rite de passage leur permettant de saisir et d’assumer une responsabilité à agir.
RÉSUMÉ. -Les études d'aléa de submersion marine s'attachent à définir des valeurs extrêmes pour les niveaux marins et les houles et à combiner ces valeurs afin de produire un aléa de référence à la côte. Pourtant, ces phénomènes résultent souvent d'un même événement météorologique générateur : les tempêtes. Météo-France, le Cetmef et le Shom ont uni leurs efforts pour étudier les tempêtes menaçant le littoral breton et déterminer des événements extrêmes, dont on dédui-rait les paramètres hydrodynamiques pour l'étude des risques de submersion marine. En combinant analyse de données d'archives et ré-analyses numériques (ERA-Intérim), on documente chaque tempête comme on le ferait d'un cyclone et on en dresse une typologie afin d'identifier, au sein de chaque famille, la ou les tempêtes les plus représentatives, ainsi que le rapport d'intensité entre membres fréquents et rares. Le modèle Arpège permet de reconstituer les tempêtes historiques les plus représentatives, puis, la Prévision d'Ensemble du modèle Arpège (PEARP) fournit des tempêtes fictives plausibles qu'on peut rendre concomitantes avec des conditions défavorables de marée. Cette méthode, qui permet d'étudier des événements extrêmes plausibles que l'histoire ne nous a pas encore dévoilés, pose le problème de la probabilité des évènements fictifs. Elle est néanmoins innovante et pertinente dans l'appréhension des événements extrêmes permettant de mettre à l'épreuve les stratégies d'adaptation de nos territoires littoraux, comme cela est notamment demandé dans le cadre de l'application de la Directive européenne « Inondation » pour l'événement extrême. Mots-clés : modèle de prévision, ré-analyses, tempêtes historiques, tempêtes fictives plausibles These extreme storms that history has not revealed yetABSTRACT. -Risk studies of coastline flooding strive to define extreme values for sea level and the surf and then combine them to determine a threat index for the seaboard. However, these phenomenona are often generated by the same type of weather event: the storms. Meteo-France, the Cetmef and the Shom got together to study the storms threatening the coast of Brittany and to determine the extreme events the associated hydrodynamic parameters of which would allow to study the risk of coastline flooding. By combining archives and re-analysis (ERA-Intérim), each storm is documented; then a typology is implemented to establish within each cluster, which elements are the most representative. The Arpege model enables us to restore the most typical historical storms, then the Ensemble Prevision supplies data on fictitious but plausible storms that can be afterwards combined with unfavourable tide conditions. This method which enables us to study plausible extreme events not yet revealed to us, creates the problem of the likelihood of these fictitious events. It is nonetheless an innovative technique, relevant for the understanding of extreme events so that the strategies used to adapt our shorelines, as it is demanded by the 2007/60/CE European Directive in the case...
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