Les données disponibles concernant l'occupation de l'Auvergne, voire du Massif central, à la fin du Tardiglaciaire et au début de l'Holocène sont relativement ténues. Elles correspondent pour la plupart aux fouilles plus ou moins anciennes de grottes et d'abris-sous-roche situés en moyenne altitude. La désaffection des plaines de Basse-Auvergne à cette époque est expliquée par certains auteurs par une recrudescence de l'activité volcanique régionale (Raynal et Daugas, 1992). La découverte et la fouille du gisement de Champ-Chalatras, par des salariés de l'Afan durant un mois et demi (Pasty et alii, 2001), va à l'encontre de cette théorie et offre ainsi des éléments de comparaison inédits avec les gisements d'altitude. La richesse et la bonne conservation générale de l'ensemble des vestiges archéologiques permettent une étude de l'organisation spatiale d'un campement de chasseurs-cueilleurs et des comportements de subsistance en relation avec les matières premières minérales et animales. Les différents aspects abordés concernent l'étude du comportement humain dans une optique technoéconomique et territoriale basée sur l'analyse des vestiges lithiques et fauniques. Ces éléments sont replacés dans un cadre chronostratigraphique précis, que différentes analyses ont permis d'établir.
Le Gravettien et le Protomagdalénien ne sont connus en Auvergne que sur deux ou trois sites, ce qui est fort peu à l'échelle d'une région qui couvre plus de 26 000 km². Cela semble imputable à des raisons taphonomiques, dans une région marquée par un climat rude ainsi que par un faible développement des recherches. Le gisement du Sire (Mirefleurs, Puy-de-Dôme) est un vaste site de plein air qui a livré deux riches niveaux d'occupation datés du Gravettien ancien (circa 30 000 BP). Le Gravettien récent et le Protomagdalénien ont été reconnus sur le site du Blot (Cerzat, Haute-Loire) qui présente une stratigraphie complexe, avec de nombreux niveaux archéologiques correspondant probablement à des occupations répétées et de courte durée. Le Protomagdalénien du Blot offre des caractères spécifiques (comme la recherche d'un débitage de grandes lames) qui le distinguent nettement du Gravettien. Les gisements d'Auvergne se caractérisent par un recours systématique à des matières premières d'origine lointaine, parmi lesquelles figurent le silex du Grand-Pressigny et le silex de la craie du Turonien inférieur. Ils sont marqués également par l'abondance des armatures microlithiques (microgravettes et lamelles à dos) et l'absence de projectiles en matière animale.
Le site des Tailles du Clou se trouve dans le Nord-Est du département de la Creuse, près du village de Clugnat. Les vestiges se rencontrent sur environ 1 ha au sommet d'un plateau qui domine la vallée de la Petite Creuse. Les prospections réalisées sur le site depuis sa découverte en 2003 ont permis de recueillir une série lithique riche de plus de 15 000 pièces. Cet ensemble n'est malheureusement pas homogène et est le résultat d'une succession d'occupations depuis le Paléolithique moyen jusqu'au Néolithique final. Le manque d'homogénéité de la série nous a amené à dégager les différentes composantes à partir des critères technotypologiques. Les tris en fonction des états de surface ou des types de matières premières se sont avérés inopérants dans le cas présent. L'identification de la composante gravettienne au sein de la masse de vestiges récoltés s'appuie sur la présence d'éléments typologiques diagnostiques (pointes de la Gravette et microgravettes) et sur celle de modes de production laminaires et lamellaires. Tout élément pouvant appartenir à un autre faciès chrono-culturel n'a pas été pris en compte. Ce classement écarte ainsi la quasi-totalité des outils domestiques et une partie des lamelles à dos, trop ubiquiste. Un ensemble de 231 pièces sont rattachées à l'occupation gravettienne. Les différents éléments attribués à cette occupation font état d'une certaine homogénéité d'ensemble. Compte tenu du contexte, il faut cependant considérer que plusieurs phases d'occupation peuvent être présentes. La répartition du matériel par matière première montre un approvisionnement en direction du nord avec une prédominance du silex tertiaire de la région de Vicq-Exemplet (39 %) devant celui du Turonien supérieur du Grand-Pressigny (30,3 %) et du Turonien inférieur du Berry (29,9 %). Les modalités d'approvisionnement en matières premières, exclusivement orientées vers les formations siliceuses du Bassin parisien, tendent à rapprocher le site des Tailles des occupations de cette région. Le débitage laminaire des Tailles est relativement ubiquiste à l'échelle du Gravettien. Il est illustré par des nucléus à table cintrée où la bipolarité est dominante, ainsi que l'usage de la pierre tendre.
L'abri-sous-roche de la Tour Fondue se situe en Grande Limagne d'Auvergne à environ 15 km de Clermont-Ferrand et à proximité du bourg de Chauriat, à l'altitude de 465 m (fig. 1). Le site est localisé au pied d'un petit massif calcaire constitué par les formations sédimentaires de l'Oligocène (calcaires dolomitiques et silicifiés) sur le versant sudouest du Puy de Pileyre. La découverte du site est le fait de M. Hervouët, propriétaire du terrain, qui exhuma des ossements et des pièces lithiques à l'occasion des travaux de construction de son garage en 1988 (fig. 2). Il avertit aussitôt la DRAC de ces découvertes qui, par l'intermédiaire de J.-P. Daugas, alors conservateur à la direction des Antiquités, dépêcha plusieurs personnes sur les lieux. L'inventaire des pièces osseuses, établi par J. L. Guadelli, fait notamment état de deux fragments de calottes crâniennes humaines qu'il ne nous a pas été possible de retrouver. Aucun inventaire du matériel lithique n'a été réalisé à l'issue de cette première visite. 2M. Hervouët n'ayant aucune nouvelle des archéologues a continué l'aménagement de sa propriété en creusant une cave, à quelques mètres de son garage, sur le côté ouest de la Implications biostratigraphiques et paléoenvironnementales des occupations du...
Un système d'information géographique (SIG) en archéologie peut s'élaborer pour l'enregistrement et la conduite stratégique d'un chantier de fouille, pour la création d'une base de données spatialisée et l'édition de documents d'aide à la réflexion et destinés à la publication. Dans le cadre de la réflexion scientifique archéologique, le SIG devient aujourd'hui un outil incontournable. Cet article expose les méthodes et les premiers résultats obtenus lors de la mise en place d'un SIG sur un site de la plaine de Vaise à Lyon. La démarche se situe dans la continuité des principes méthodologiques décrits dès le début de la seconde moitié du xx e siècle notamment par Laplace-Jauretche et Méroc en 1954. L'emprise archéologique se situe dans le département du Rhône, à Lyon au 35, rue Auguste-Isaac (9 e arrondissement). Le site (1 900 m²) se caractérise par une succession d'occupations de la fin du Paléolithique (Azilien) à l'époque médiévale. Les vestiges épipaléolithiques constituent la plus ancienne installation humaine identifiée sur l'agglomération lyonnaise. Ils s'inscrivent dans une séquence sédimentaire à dominante sableuse peu favorable à la lecture des vestiges. Dès la mise au jour des vestiges épipaléolithiques, le protocole de terrain et l'étude archéologique ont été structurés afin de permettre la mise en place d'un SIG dédié avec pour principaux objectifs d'optimiser le traitement exhaustif des données en proposant une structuration normalisée et d'intégrer la puissance exploratoire de l'outil SIG comme support indispensable de l'analyse archéologique. Cette dynamique a favorisé l'émergence d'une vision objective intégrale. Chaque zone de fouille a fait l'objet d'un carroyage métrique. La fouille manuelle a été conduite par quarts de mètres carrés et par passe technique. Une passe technique constitue un volume autonome localisé par maille qui contient des informations archéologiques (silex, vestiges osseux…) dont la répartition spatiale (verticale ou horizontale) permet de restituer la stratigraphie et l'occupation archéologique. Les quarts de mètres carrés ont fait l'objet d une couverture par clichés numériques des aménagements et épandages structurant l'occupation azilienne ; ils ont été assemblés en mosaïques géoréférencées sur la trame des angles de quart de mètres carrés levés en topographie. Les éléments ont été digitalisés sous ArcGis©. Cette étape a permis de géoréférencer chaque composant lié à l'occupation azilienne et l'attribution d'un identifiant dans la base de données. Lors de la fouille, les outils sur silex ou autre ont été enregistrés en trois dimensions à l'aide d'une station totale avec numéro d'ordre attributaire. La totalité des sédiments extraits (56 t) a fait l'objet d'un tamisage systématique. Dans les deux cas, les mobiliers inventoriés sous forme de tableurs sont liés, à l'aide de l'index spatial de référence à chaque passe technique. Les données sont rassemblées sous le logiciel ArcGis. Lors de la phase post-fouille, ces « jeux de données spatialisées » sont structurés et intég...
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.
customersupport@researchsolutions.com
10624 S. Eastern Ave., Ste. A-614
Henderson, NV 89052, USA
This site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.
Copyright © 2024 scite LLC. All rights reserved.
Made with 💙 for researchers
Part of the Research Solutions Family.