À travers la pensée de deux auteurs‐clés et de leurs contradicteurs, sont examinées trois périodes de l'évolution de la sociologie et de l'anthropologie au Québec: gloire, éclipse puis regain de la culture. Dans le cadre d'une conjoncture socio‐politique turbulente (non seulement liée au néo‐nationalisme québécois mais à tous les mouvements sociaux qui ont déferlé sur l'Occident depuis 1965), ces ‘fortunes’ et ‘misfortunes’ de la culture ont été marquées par des polémiques internes au champ québécois, elles‐mêmes liées aux principaux courants théoriques qui ont traversé les sciences humaines, en provenance surtout de la France et des États‐Unis: apres une periode ou regnent la culture‐cohésion/cohérence et la culture‐identité, les courants issus du marxisme imposent une éclipse dans le recours à cette problématique de la culture de même qu'un souci de totalité, et surtout une articulation aux rapports sociaux; puis cette macro‐approche sera suivie d'une résurgence de la culture, un retour vers le sujet, une affirmation du sens, une critique de l'economisme ainsi qu'une conception de la culture plus éclatée et plus matérialisée. En conclusion sont soulignés certains liens entre ces discours sur la culture et le néo‐nationalisme québécois du dernier quart de siécle.
Through the thought of two key authors and their critics, three periods of the evolution of sociology and anthropology in Quebec are examined: glory, eclipse and cultural renewal. In a period characterized by social and political turbulence (linked not only to a Quebecois neo‐nationalism, but to all social movements to have appeared in the West since 1965), these fortunes and misfortunes of culture have been marked, in Quebec, by internal polemics and debates which are linked to the principal theoretical currents occuring in the human sciences emerging particularly from France and the United States. Following a period dominated by a conception of culture as coherence, cohesion and identity, key issues in Marxism overshadowed the approach of culture‐cohesion problematic and its concern for the totality, expressed above all in its articulation of social relations. Following upon the macro approach of this period is a cultural resurgence marked by a return to the subject, an affirmation of meaning and sense, a critique of economism coupled with a conception of culture which is both more vigorous and concrete. At the conclusion, key links between the developing cultural discourse and Quebecois neo‐nationalism of the last 25 years are emphasized.