Depuis quelques années, nous assistons à l’émergence de monnaies d’un genre nouveau, reposant sur des procédés cryptographiques, gérées en pair à pair selon un consensus distribué. La plus représentative d’entre elles, le Bitcoin, est lancée après la crise financière de 2008 et vient contester un ordre monétaire fondé sur le crédit et le pouvoir bancaire. Ces crypto-monnaies viennent heurter la conception traditionnelle de la monnaie : unitaire, souveraine, territoriale et centralisée. Par conséquent, elles interrogent la théorie et renouvellent le débat sur la nature de la monnaie. Dans ce papier, nous proposons d’analyser le Bitcoin au filtre d’une théorie institutionnaliste de la monnaie. En tant qu’institution sociale, la monnaie est plus qu’une technologie, car elle participe à la construction d’un espace marchand s’articulant avec un ordre socio-économique. C’est pourquoi nous mettons en évidence les arguments de la contestation et les racines idéologiques qui sous-tendent le système Bitcoin : décentralisation, anti-étatisme (cryptage) et naturalisation de la monnaie (minage). En mettant en avant la notion centrale de confiance, nous nous intéressons ensuite à la capacité du projet Bitcoin à construire un ordre monétaire, certes alternatif, mais stable.
IRISSO). 1 We will concentrate on specifically economic theories of money, excluding approaches that are socioeconomic, sociological, anthropological and historical, as their use of empirical observation and methods of theorisation and analytical generalisation are appreciably different from those of economics in general.
Ce document a été généré automatiquement le 11 mai 2017. Revue Économie et institutionsLe pouvoir des mots : émission et réception du discours du banquier central Dans les médias, la parole des banquiers centraux a été récemment parée de pouvoirs impressionnants : la manière dont sont désormais attendues et décryptées les déclarations de Mario Draghi, Janet Yellen ou Haruhiko Kuroda incite à penser que les dirigeants de la B.C.E., du Fed ou de la Bank of Japan se sont transformés en « oracles » omnipotents (voir Rogoff, 2014). Toute inflexion de leur discours, l'utilisation de tel mot plutôt que tel autre ou l'expression d'un jugement sur l'avenir tiendraient désormais lieu de politique monétaire. Or, depuis quelques années, deux champs disciplinaires d'ordinaire distants, la théorie économique « standard », d'une part, et la sociolinguistique, d'autre part, questionnent le rapport existant entre les discours et la réalité. Dans le contexte actuel de crise et de reformulation des politiques monétaires, ce questionnement s'applique particulièrement aux Banques Centrales, institutions devenues particulièrement actives dans les domaines de la communication. Il y a peu, Lebaron notait encore que « Le discours d'un banquier central en période de crise sociale peut sembler anecdotique si on le compare aux interventions des acteurs politiques et médiatiques dominants, et il paraît en effet parti culièrement opaque à première vue. » (Lebaron, 2006, p. 8). Le contexte financier actuel a bouleversé cette vision. Mickaël Clévenot, Ludovic Desmedt et Matthieu Llorca Nous remercions vivement les participants du colloque « Crise de l'euro, effets discursifs et changements institutionnels : approches transdisciplinaires », Université Picardie-Jules 2Sur le versant économique, les travaux de Blinder (2004), Mishkin (2004, Gerlach (2004Gerlach ( , 2007, Issing (2005), , Woodford (2005) ou Jansen (2011) ont justifié une politique de communication active de la part des instituts d'émission. Un consensus a émergé, d'abord sur le plan théorique, puis pratique, considérant que l'information détenue par la Banque centrale devait être largement diffusée, de manière à ancrer et guider les anticipations des acteurs économiques. Sur le versant sociologique, les travaux de Krippner (2007), Aitken (2007), Hall (2008), Brasset et Clarke (2012), Clarke et Roberts (2014) ou Velthuis (2015) ont souligné les inflexions du « bank talk » (Karl, 2013). Le travail récent de Holmes (Economy of words, 2014), tente la conciliation et conjugue l'argumentaire sociologique et économique pour étudier les transformations dans la rhétorique utilisée par les instituts d'émission. 3La plupart des travaux en question visent à interroger la performativité de ces discours. Si l'on suit Callon et Muniesa, de manière générale, « En linguistique, on dit d'un énoncé qu'il est performatif quand il instaure ce dont il parle » (Callon, Muniesa, 2008, p. 1). En simplifiant, il existe deux grandes approches de la performativité : la plus ancienne, issue des travaux d'Au...
Résumé De l’apport de David Hume à l’analyse économique, un aspect est généralement retenu : son approche présumée quantitative de la monnaie. Or, lorsqu’on resitue l’examen des relations monétaires et financières à l’intérieur de son corpus philosophique, il révèle d’autres perspectives. Selon Hume, le processus de civilisation institue certaines fictions, qui permettent aux individus de forger un ordre symbolique. Dans une économie de marché, la distinction entre la monnaie – de nature conventionnelle – et les engagements financiers – assimilés à des promesses – est centrale. Alors que les conventions monétaires autorisent de multiples agencements, les engagements financiers doivent être étroitement surveillés. Hume insiste sur les mutations provoquées par la mise en place d’une société de crédit et souligne certains aspects déstructurants des relations financières. À partir d’une lecture du Traité et des Essais , cet article s’attache à retracer la logique suivie par Hume lorsqu’il aborde ces questions. Il détaille la distinction entre monnaie et crédit, signale les troubles potentiels engendrés par leur confusion, puis évoque leur nécessaire régulation.
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