La croissance massive des effectifs universitaires et, simultanément, les taux élevés d'abandon ou de réorientation lors de la première année d'études supérieures interrogent sur les modalités de l'entrée à l'université. Si des travaux récents ont affiné la connaissance générale des conditions d'études et de vie de la population étudiante, peu se sont centrés sur les débutants pour tenter de restituer les différentes facettes de leur expérience. Telle est la perspective de cet article qui s'attache à développer une approche transversale de l'entrée dans la vie étudiante et privilégie les relations entre formes d'apprentissages et vie sociale parmi les bacheliers arrivant à l'université.
Résumé En France, l’exploitation transversale de données empiriques de sources diverses révèle sur dix ans une hiérarchisation et une professionnalisation des formations et des orientations et la sélectivité scolaire exercée sur les orientations et les parcours des étudiants. Sous l’effet de la crise économique et des réformes, la recomposition des hiérarchies a accru la sélectivité des formations professionnalisantes accueillant des publics plus sélectionnés scolairement et socialement. Deux objectifs sont poursuivis : adapter l’université à la massification et à l’hétérogénéité des publics ; répondre à l’attente des milieux économiques en préparant les étudiants à leur insertion professionnelle. Que les politiques volontaristes poussent les bacheliers professionnels et technologiques vers les filières courtes ou qu’elles orientent les bacheliers généraux vers des filières professionnalisantes et sélectives en université, professionnalisation et sélection caractérisent les nouveaux parcours étudiants. Si la vocation professionnelle des formations s’impose comme la norme, l’université et l’enseignement supérieur ne doivent pas oublier leur fonction sociale et culturelle.
L’accès d’une fraction croissante de la jeunesse à l’enseignement supérieur et l’allongement de sa présence au sein des institutions scolaires concourent à maintenir les jeunes dans un état de forte dépendance à l’égard de leurs familles. Dans ce contexte d’étirement de la socialisation familiale qui se traduit par une forte propension des parents à prendre en charge matériellement les études de leurs enfants, le processus de construction de l’identité autonome des étudiants devient un objet d’étude des plus pertinents pour une sociologie de la jeunesse. Ceci d’autant plus que l’autonomie est un phénomène multiforme, aux frontières floues. On peut opposer les étudiants qui vivent chez leurs parents, et sont totalement pris en charge par eux, à ceux qui sont parvenus à combiner les études avec une activité professionnelle relativement stable et qui vivent dans un logement indépendant avec leur conjoint(e). Mais, entre ces deux extrêmes, il existe une série de situations contrastées qui doivent être analysées et qui demandent l’élaboration de concepts adéquats afin de mieux comprendre quelle est la place des jeunes adultes au sein des échanges entre générations.
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